Cela fait un moment que le Burundi et l’Union européenne ont démarré la machine de rapprochement après le conflit ouvert de 2015. Cela est opportun pour deux raisons : avant le divorce, l’UE était le premier partenaire économique et finançait une part importante du budget du Burundi. Depuis, Gitega vit tant bien que mal mais a besoin de financements.
Au terme de sa tournée dans certaines chancelleries européennes, Albert Shingiro, ministre burundais des affaires étrangères et de la coopération au développement continue l’œuvre de rapprochement entrepris par Bruxelles (la capitale de l’Union européenne) et Gitega (capitale politique du Burundi). D’ailleurs, il ne s’en cache pas: « La tournée, c’est dans le cadre du process de normalisation des liens bilatéraux. »
S’il n’a pas rencontré ses homologues des pays de l’union européenne visités (il a été tout de même reçu par son homologue suisse, un pays non membre de l’Union), cette tournée a le mérite de marquer un pas dans la bonne direction pour les deux partenaires de longue date. L’ambassadeur de l’Union européenne au Burundi le reconnaît lui-même : « Cette visite dans les institutions de l’Union Européenne, c’est une première depuis cinq ans ».
Une normalisation qui vient à point nommé
Trois chiffres pour le comprendre. Et ce n’est qu’à titre illustratif. Premièrement, de 2004 à 2015, l’Union européenne a financé le budget du Burundi avec un montant de 196 millions d’euro. À l’époque, il s’agissait encore d’une aide directe. Une bouffée d’oxygène pour un pays comme le Burundi qui se cherchait encore après plus d’une décennie de guerre civile.
Deuxièmement, en dépit de la suspension de l’aide directe, entendez ici l’appui budgétaire, l’Union européenne optera pour l’aide indirecte. Entre 2015 et 2020, cette aide a pesé une bagatelle de 430 millions d’euro. De quoi maintenir l’institution européenne dans la position de premier partenaire économique du Burundi.
Enfin, et c’est là où le besoin se fait sentir, l’Union européenne était jusqu’en 2015 le premièr contributeur au budget de l’Etat, le trou laissé s’avère difficile à combler. L’alternative choisie, c’est le recours à l’endettement pour financer le budget. À l’heure actuelle, la seule dette intérieure est estimée 2.790,7 milliards de BIF. La dette extérieure quant à elle est de 1.000,0 milliards. Une dette intérieure qui n’est pas sans plomber l’activité économique créatrice de croissance.
Un besoin criant de devises
Sans revenir sur l’épineux problème des devises corollaires de ces relations compliquées entre le Burundi et ses partenaires. Une évidence : la normalisation des liens est plus qu’une urgence. La banque centrale affiche des réserves en devises bien plus qu’inférieures de la barre normale. Cela se fait sentir depuis un certain temps sur terrain à la demande des devises, surtout par des entrepreneurs, que ce soit au le marché officiel ou au marché noir. Ne nous attardons pas sur les conséquences que subissent les uns et les autres dans le domaine des affaires, le citoyen lambda inclus. Dans un pays qui a trop peu de produits à exporter, il est clair que sa source de devise ne peut que passer, entre autres voies, par sa coopération avec d’autres pays.
Des lendemains qui chantent
Mais contrairement à ce que nous avons tendance à croire, cette situation ne profite pas non plus à l’Union européenne qui, d’ailleurs dans sa politique internationale, voudrait garder son influence au Burundi. Elle ne voudrait pas perdre la place qu’elle occupe depuis des décennies, en faveur d’autres puissances montantes.
Cela va sans dire qu’en relations internationales, il n’y a pas d’ennemis éternels mais des pays qui adaptent leurs relations selon le paysage politique et leurs intérêts. Le ton complice des deux concernés laisse entrevoir des lendemains meilleurs.