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Vers la mobutisation du Burundi ?

C’est la question que se pose Moïse Bukuru après avoir vu une marque dont les produits portent désormais le portrait du président de la république, Pierre Nkurunziza. Dans un style un peu décalé, avec un brin d’humour, le blogueur ne cache pas ses craintes sur ce que l’avenir nous réserve.

On était habitué de voir Ronaldo, Zidane, Ronaldinho sur les pages de Picfare, (la société d’imprimerie ougandaise). Maintenant, place à Pierre Nkurunziza, mais cette fois-ci, sur les cahiers de PACOBU (Paper Converter Burundi),  pas en maillot de sport mais en costume cravate, mine claire, regard serein, les yeux levés. Ne vous y trompez pas, la star burundaise n’a rien à envier aux trois prodiges mondiaux de l’histoire du foot. Il est aujourd’hui l’un des rares présidents au monde dont le nom défraie la chronique, au quotidien et à l’international. Sur la pelouse, il est tout simplement un phénix, le meilleur buteur de tous les temps d’Alléluia FC, son club.

Reste à gérer les écoliers : les cahiers Pacobu n’auront pas besoin de couverture supplémentaire ( ibipfukisho) qui les protège de la maladresse des petits garçons. On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, dit-on. Son Excellence doit être bien visible. Il faudra aussi moins de dessin artistique, de peur que ça finisse en gribouillage. Infraction ! Sacrilège ! « On n’apprend pas le dessin sur le portrait du président de la république », a déjà démontré la justice burundaise qui n’a pas hésité à ouvrir grandement les portes de « ses » geôles  aux dizaines de mineurs « gribouilleurs »« Igiti kigorogwa kikiri gito », (Un arbre ne peut se redresser que quand il est encore jeune), nous apprend d’ailleurs la sagesse burundaise.

Dans la rue, c’est la confusion : de la peur et des interrogations. La grande question : «  jusqu’où ira-t-il ? » « Sur les billets de banque, peut-être, entre Louis Rwagasore  le héros de l’indépendance et Melchior Ndadaye le martyr qui s’est donné pour la démocratie », craignent certains esprits. La seule nouveauté : lui, ce serait encore de son vivant. La République Démocratique du Congo, plutôt le Zaïre, en a connu un comme ça. Faudrait-il dire que le Burundi tend à être « mobutisé » ? Il est encore trop tôt pour le dire. Quoique la fermeture des associations engagées dans la lutte pour les droits humains, la suspension des émissions de radiola disparition des journalistes, les exécutions extrajudiciaires  et les emprisonnements arbitraires sont autant d’exemples qui montre un glissement du régime.

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