Au Burundi, certains considèrent la découverte de la séropositivité comme une condamnation à mort. A part la maladie et le traitement médical, la société empire la situation par son comportement vis-à-vis d’une personne séropositive. Ainsi, être séropositif est perçu par certains comme une menace pour la société. Ceci est dû aux fausses croyances sur la contamination du virus. Démêlons le vrai du faux.
Dire que je n’ai jamais pointé du doigt et mis à l’écart un séropositif par peur que je sois contaminé serait un gros mensonge. Depuis l’époque où j’ai réalisé ce que c’est le sida, j’étais déjà à l’école primaire, je me suis mis en tête qu’il fallait à tout prix fuir tout humain séropositif surtout avec toutes les rumeurs que l’on racontait à propos de la contamination de cette maladie.
Je me souviens déjà qu’à cette époque j’avais un groupe d’amies, on était à 4 et l’une de nous était séropositive. Je ne sais même pas si ce qu’on racontait à l’école était vrai. On parlait d’elle derrière son dos comme si elle représentait une menace pour nous. Des fois on amenait quelque chose à grignoter pendant la pause et nous nous partagions ce que chacune d’entre nous avait amené.
Un jour, l’une de nous a apporté une mangue. D’après les rumeurs la salive était l’un des modes de transmission du sida. On s’est rappelé qu’en croquant la mangue à 4, notre salive allait entrer en contact. Ce jour-là, on n’a pas partagé cette mangue avec notre amie séropositive. On a trouvé des excuses pour qu’elle en mange toute seule. Et ce n’était pas tout. Quand nous étions petites, c’était normal de partager un bonbon même si ça venait de la bouche de quelqu’un d’autres. Mais on a jamais accepté de manger un bonbon venant de sa bouche. Des fois, elle remarquait qu’on l’écartait du groupe mais elle ignorait pourquoi.
Vivre la peur au ventre
Je n’ai pas eu cette peur uniquement à l’école primaire. Plus je grandissais plus la peur grandissait en moi. J’ai terminé l’école primaire et ensuite je suis allé dans un lycée à régime d’internat. C’était un lycée sous convention catholique avec comme responsables les sœurs bene Theresa. Celles-ci étaient ordonnées à un tel point qu’elles nous classaient par ordre alphabétique partout. Que ça soit à table, au dortoir, en classe, pour faire des travaux, à la bibliothèque…et mon numéro est tombé derrière celui d’une élève que tout l’établissement doutait de sa séronégativité. Je devais être avec elle partout. En d’autres termes, j’étais coincée à vivre avec la crainte du danger.
Je restais toujours attentive à ses moindres faits et gestes. Si par exemple elle utilisait mon gobelet ou ma cuillère, je les nettoyais milles fois avant de les réutiliser alors que quand c’était quelqu’un d’autres, je ne me donnais pas cette peine. Si elle mettait l’un de mes habits que ça soit une chemise uniforme, une jupe ou une tenue pour le sport je la lui offrais immédiatement comme cadeau pour ne pas être contaminée par sa sueur. Je ne me suis jamais baignée avec elle. Déjà, mon cœur s’emballait à chaque fois qu’elle me donnait un câlin ou qu’elle me prenait par le bras. Heureusement qu’à ce lycée chacune avait son propre lit, sinon je serais tombée malade rien que par peur.
Depuis j’ai grandi et mes idées reçues ont été déconstruites. Je sais cependant que plusieurs fausses idées sur la contamination du VIH continuent à circuler. Ceci provoque une panique chez les personnes séronégatives et les poussent à sentir que quelqu’un qui est séropositif représente une menace pour elles.
Des liquides biologiques à risque…lesquels?
En effet, le virus du sida est présent dans tous les liquides biologiques de l’organisme d’une personne porteuse du VIH, mais tous ces liquides ne le transmettent pas. Pour que la transmission soit possible, il faut que le liquide véhiculant le VIH contienne une quantité importante de virus. Seuls le sperme, le lait maternel, le sang et le liquide vaginal peuvent transmettre ce virus. Ces liquides sont les seuls susceptibles de contenir suffisamment de virus pour permettre la transmission.
Par conséquent le VIH ne se transmet ni par la salive ni par la sueur ni par le toucher ni par les piqûres d’insectes ou bien encore l’urine. Par contre, les situations à risque sont les rapports sexuels non protégés, un contact important avec du sang contaminé (lors du partage du matériel d’injections par exemple) et la transmission de la mère à l’enfant. Ainsi, la bonne vieille histoire de « piqures de moustique » ou « du contact de salive » et autres, ne tient pas vraiment la route.