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Il y a une vie après le VIH

Ce n’est plus une maladie qui alimente les conversations à chaque coin de rue, mais toutefois, le VIH/Sida est toujours là. Ceux qui ont attrapé ce virus mènent un combat permanent pour vivre un semblant de normalité. Un blogueur a rencontré une jeune fille séropositive. Elle raconte son quotidien depuis qu’elle sait qu’elle a le VIH.

Laurence Tuyisabe, 21 ans, est une jeune fille, porteuse du VIH depuis sa naissance, à cause de la transmission mère-enfant du virus. Elle est orpheline de père décédé quand elle était encore gamine. Elle vit avec sa mère et ses deux petites sœurs. C’est au fin fond de la 8ème avenue du quartier de Mutakura que nous la rencontrons. Souriante et pleine de vie, elle nous accueille dans le petit salon qu’elle a pris soin de ranger à la hâte, ayant appris notre visite tardivement. Laurence reste souvent seule à la maison depuis plus de neuf ans quand sa mère va au boulot et que ses petites sœurs regagnent l’école. Derrière son sourire, Laurence cache pourtant une blessure qui peine à cicatriser. Depuis qu’elle est toute petite, elle a enchainé des séjours à l’hôpital. Sa mère ne lui avouera la cause de tout cela que quand elle a eu ses douze ans. Et c’est à cette même époque que la pauvre Laurence quittera définitivement l’école en 7ème.   

Batailler pour (sur)vivre

2013. Après deux semaines d’hospitalisation en soins intensifs, la mère de Laurence n’a d’autres choix que d’annoncer à sa fille qu’elle est porteuse du VIH depuis sa naissance. Par la même occasion, elle apprend que son père est décédé du VIH aussi. Une pilule amère pour la jeune fille qui était dans la fleur de l’âge. Une consolation quand même, ses petites sœurs sont saines et sauves. « Ce jour-là, je n’ai même pas eu le courage de pleurer. J’étais branchée à deux poches de sérums. J’ai juste regardé dans les yeux de ma mère et j’ai compris sa peine », relate-t-elle calmement. Depuis ce jour, Laurence va comprendre qu’elle doit batailler pour (sur)vivre, avec des médicaments pleins le placard à prendre au quotidien. A un certain moment, son  poids chuta de  moitié. « Du jour au jour, je me sentais faible, incapable de surmonter les effets secondaires des antirétroviraux. Par après, j’ai commencé à fréquenter le centre de l’ANSS pour apprendre comment me prendre en main et vivre avec le Sida. Grâce aux gens que je fréquentais je me suis sentie de nouveau vivante et courageuse », témoigne-t-elle avec son sourire contagieux. Et d’ajouter que sa famille est restée toujours à ses côtés dans son combat, jusqu’aujourd’hui.

Prendre la vie du bon coté

Depuis que Laurence a compris que grâce à la prise rigoureuse des médicaments et à une bonne alimentation elle pouvait avoir une vie normale, elle ne s’apitoie plus sur son sort. Sa mère est et reste sa seule confidente dans tout ce qu’elle fait. Son état de santé s’est amélioré avec le temps. Malgré cela, elle est comme prisonnière de sa propre personne. « Même si je me sens vivante, quand je côtoie les autres jeunes du quartier, je me sens toujours différente. Du coup, je ne sors que quand je vais à l’église. Le reste du temps, je me confine à la maison », confie-t-elle. Sur la question de savoir si elle serait prête à témoigner publiquement pour inciter les autres à se faire dépister, sa réponse est catégorique : « Je suis pudique depuis toute petite. Je ne veux pas être jugée. Je suis bien comme ça », tranche-t-elle.

Comme toute jeune fille de son âge, Laurence espère fonder un foyer un jour. A ceux qui croient encore que le VIH est synonyme de mort, sachez que la médecine a évolué. D’où ce message de Laurence : « Malheureux sont ceux qui vivent sans connaître leur état sérologique. Faites-vous tester pour connaître votre état de santé et vous saurez prendre les bonnes décisions », conclut la jeune demoiselle.

 

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