article comment count is: 0

Vacances scolaires : « Attention écrans, poisons lents »

Les vacances ont déjà sonné à la porte de certaines écoles et pour d’autres, c’est pour très bientôt. Parmi les activités prisées par les jeunes vacanciers : la télévision ! Mais au-delà de l’amusement, que nous cachent ces écrans surtout pour les plus jeunes ?

C’est désormais une évidence, avec le nouveau monde où la technologie agit en maître, les écrans nous ont inondé partout. Entre téléphones, ordinateurs ou encore télévisions, nous sommes « bien » servis, au risque parfois de ne plus s’en passer, une forme d’addiction qui actuellement commence même dès le plus jeune âge.

Il y a peu, je rends visite à une famille. Un petit enfant d’à peine un an pleure, son père sort un téléphone de sa poche, le montre puis le donne à l’enfant. Ce dernier se tait tant qu’il a son visage collé à l’écran de l’appareil ! C’est dire combien ces nouveaux outils sont en train de façonner nos modes de vie, parfois aux périls de nos enfants.

Écrans et enfants, un « couple discordant » ?

Cette conclusion est celle de Michel Desmurget, docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’Inserm, dans son livre : « La Fabrique du crétin digital, Les dangers des écrans pour nos enfants ». Cette synthèse des études scientifiques internationales sur les effets réels des écrans nous brosse certaines des lourdes conséquences : sur la santé (obésité, développement cardio-vasculaire, espérance de vie réduite…), sur le comportement (agressivité, dépression, conduites à risques…) et sur les capacités intellectuelles (langage, concentration, mémorisation…). Autant d’atteintes qui affectent fortement la réussite scolaire des jeunes.

Toujours est-il que tout cela est aussi fonction du temps que l’on passe devant ces écrans. Une étude publiée dans le JAMA Pediatrics indique que « le temps passé sur les smartphones, télévisions et autres jeux vidéo modifie la structure du cerveau des enfants ». D’après les résultats de l’étude, les enfants passant le plus de temps devant leur écran ont les moins bons scores aux tests cognitifs : ils ont moins de vocabulaire, plus de difficultés à lire et mettent plus de temps à nommer des objets par exemple.

Mais tout n’est pas noir. En 2019, une étude de l’Oxford Internet Institute montrait par exemple une « corrélation positive » entre le temps passé devant la télévision et les fonctions psychocognitives, l’effet étant bénéfique « à partir de 5 heures et 8 minutes par jour », « le contenu, le type d’activité devant les écrans étant un facteur bien plus déterminant que le temps passé devant l’écran », selon des scientifiques dans le New Scientist.

Mais que faire alors ?

Il est vrai que l’ampleur de l’exposition aux écrans n’est pas aussi grande chez nous qu’en Occident. Mais si on n’y prend pas garde on s’achemine vers là avec tous les risques ci-dessus. Tout en rappelant qu’ « on ne peut pas priver les enfants de ces technologies car c’est leur droit et ça leur est bénéfique pour leur épanouissement», Isidore Nteturuye, coordinateur de la Fédération Nationale des Associations engagées dans le Domaine de l’Enfance au Burundi (FENADEB), dit qu’il faut l’implication de tout un chacun dans ce combat.

D’abord les parents, nous dit Isidore, doivent programmer un contrôle parental des appareils utilisés par leurs enfants tout comme des programmes qu’ils suivent à la télévision. Cela irait dans le sens, non pas de priver totalement les enfants de ces nouveaux outils, mais plutôt de les accompagner, en regardant parfois ensemble la télé par exemple et donc un suivi régulier. Dans ce sens, les parents seront au courant de l’intérêt qu’a l’enfant de regarder tel ou tel autre programme et sans juger, feront des commentaires qui viendront l’orienter sinon le recadrer dans le bon choix des programmes éducatifs, constructifs (à l’idée des parents).

Ensuite l’État a la responsabilité de protéger ses citoyens, les enfants en particulier, par si besoin, une « censure positive », explique Nteturuye, de tout contenu à priori destructeur, au profit de celui éducatif. Cela par un contrôle des fournisseurs de l’information que ce soit localement et/ou surtout ceux de l’extérieur, pour ce qui est des programmes et du choix des créneaux horaires de diffusion.

Enfin, conclut le Coordinateur National de FENADEB, c’est aussi et surtout la diversification des activités/événements éducatifs en dehors de la maison et qui font participer les enfants. Ceux-ci vont faire à ce que le temps de contact avec les écrans se retrouve diminué et du même coup les effets néfastes éventuels. Cela passe encore plus par la responsabilité des parents, tuteurs ou toute autre personne auprès de l’enfant au moment de l’exposition à l’écran qui se doit aussi de dénoncer tout contenu jugé « destructeur ».

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion