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#Ubaha : la double peine d’une enfant victime d’un viol

Une vidéo exposant une fillette de moins de dix ans victime d’un viol a envahi les réseaux sociaux la semaine dernière. Sans aucune précaution ni égard, des gens la harcèlent de questions. Un cas qui pose la question quant à  la protection des victimes des VSBG. 

Ce mercredi 2 décembre 2020, une vidéo de 1:16 a fait le tour des groupes whatsapp. Elle est en Kirundi. Le lieu et la date de prise de cette vidéo ne sont pas précisés. La scène est horrible. Elle montre une fillette qui, assise côté à côté avec « son violeur », subit un interrogatoire, pour le moins choquant

Dans cette vidéo, on entend des hommes qui posent des questions sans aucun tact : « We dogo, yabigize ? (Eh petite, l’a-t-il fait ?) ». Avant de rectifier : « Mwana gute ? Ni sawa ? Uwo mu Papa yagize iki ? (Mon enfant, ça va ? Ce Papa a fait quoi ?) »

Intimidée, la gamine tente de montrer ce qu’on lui a fait. Difficile à dire.  « Yashira urutoke ngaha (Il a mis son doigt ici) ». D’un ton menaçant, presque insolent, un des « interviewers » insiste allant jusqu’à demander à la fillette de prendre la main de l’abuseur et de montrer le doigt qu’il a utilisé. La suite est insoutenable, comme si cela n’était pas assez dramatique, un autre « enquêteur » improvisé enfonce le clou : « Yakoresheje urutoke rumwe canke zibiri ? (A-t-il mis un ou deux doigts ?) »

Le reste se passe de commentaires. Finalement la vidéo se termine sur un simple « pole » lancée à la petite. 

La précaution avant le buzz

Devant de telles situations la première chose à faire n’est pas d’exposer les images des victimes des VSBG. Et ce, indépendamment de leur âge. Oui. Certains vont dire que dernièrement un enfant a été sauvé à Winterekwa, zone Gihosha, grâce aux réseaux sociaux. Mais, le cas qui nous concerne ici, n’est pas similaire. À entendre la façon et les questions que posaient ces personnes, il y a lieu de s’interroger. Au lieu de traumatiser cette enfant, n’aurait-il pas été plus raisonnable de laisser faire les personnes habilitées pour ce genre de cas ? La police des mineurs, les psychologues et les centres de prise en charge des victimes de viol sont formés pour mener ce genre d’enquêtes et poser les questions aux victimes avec précaution.

Dans de telles situations, nous devrions avoir honte de partager, de diffuser ces images ou ces vidéos. Les partager dans les groupes whatsaap, sans flouter le visage de la victime, c’est ajouter du drame au drame. C’est traumatiser la victime et ses proches.

 

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