Dans une société patriarcale comme la nôtre, il est rare de trouver des hommes qui militent pour les droits de la femme. Encore moins, des hommes vent debout contre les violences sexuelles et basées sur le genre. Mais il est des exceptions, des hommes qui font la différence et qui se lèvent contre ce fléau commencent à se manifester.
On ne se lassera pas de le répéter : les violences sexuelles et basées sur le genre (VSBGs) sont une réalité qui fait froid dans le dos. Une réalité qui, depuis des lustres, règne en maître dans notre société, causant des ravages sur son chemin. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles semblent avoir de beaux jours devant elles.
Les chiffres, comme une piqûre de rappel, sont là pour notre information. Que l’on ne dise pas que nous ne savions pas. Que l’on ne sait pas ce qui se passe dans nos communautés, de nuit comme de jour. Imaginez qu’au cours de la seule année 2019, le centre Seruka a accueilli 1001 victimes de viol âgées de moins de 18 ans et 366 chez les plus de 18 ans ainsi que 108 victimes de VBGs. Imaginez aussi que le centre Nturengaho, pour la même année, a pris en charge 192 cas de viol, 472 VBGs sur mineurs et 1156 VBGs chez les adultes. Glaçant, n’est-ce pas ?
Je ne sais pas si c’est important de le souligner mais la plupart de ces violences sont commises par la gente masculine, ce qui n’excuse pas toutefois celles commises à l’endroit des hommes. Mais face à cette situation, il est des hommes qui veulent changer la donne. Qui se battent pour nos sœurs, pour l’égalité des genres, pour un monde sans VSBGs.
Et ils font la différence
Les chiffres sont donc là. Et ils révoltent Lambert Hakiziyaremye, représentant d’une association pour l’égalité des hommes et des femmes, l’AGPI (Africa Gender Promotion Initiative). Pour lui, le plus triste, c’est qu’il n’y a pas suffisamment d’efforts, surtout au niveau des communautés pour lutter contre ces violences alors qu’elles ne montrent pas des signes d’essoufflement. C’est que certaines des causes principales de ces violences, dit-il, se confondent avec des normes sociales et culturelles : « Il suffit de voir certains proverbes rundi pour s’en rendre compte ».
Pour Lambert, c’est sur ces normes qu’il faut donc agir pour éradique ces VSBGs et les hommes, en première ligne, doivent être impliqués. Avec son association, il est donc à l’œuvre pour sensibiliser la population sur les VSBGs, mu par une conviction : « Aussi longtemps que les femmes subiront ces violences, il sera difficile pour notre pays de se développer, le coût pour la prise en charge de ces violences est énorme ».
Une plus-value
Venir à bout de ces violences est impossible sans l’implication des hommes. C’est l’autre conviction de Hakuziyaremye. Car, explique-t-il, quand les hommes s’impliquent dans la lutte contre ces violences, cela donne un poids considérable. Cela contribue également à déconstruire les préjugés et autres idées reçues autour de l’action des femmes contre les VSBGs. Vous devez avoir déjà entendu des phrases comme « abo ni ba bagore biganza, bashaka kuganza abagabo …» (encore ces femmes insoumises, qui veulent dominer les hommes…Ndlr). Mais quand des hommes se lèvent, s’impliquent, cela devient interpellant que l’affaire ne concerne pas que les seules femmes.
Encore que, et c’est toujours Lambert qui le suggère, la déconstruction de ces préjugés doit être accompagnée par une justice équitable, car, explique-t-il, « aussi longtemps que les bourreaux ne seront pas punis, pas de chances que ces VSBGs disparaissent un jour ».
Article beaucoup important. Dans notre société,il nous faut faire face à ce défis en faisant recours à l’éthique de l’éducation communement appelée « Indero yo kuziko ». A l’époque,les enfants apprennent des leçons sociales autour du feu. Bonne chose car ils apprenaient ce que à craindre,bref ce qui est interdit et ce qu’à ôter de faire. Les pratiques dépendaient de ces coutûmes et cela puisque l’éducation débutait précaucement même ces pratiques de violences basées sur le genre etaient envahies. Même l’impunité était anéantie et cela poussait les enfants voire les adultes à se fixer des limites pour ne pas violer l’honneur des autres.