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Sexualité : ‘’Ibiterasoni’’ ou le droit de savoir ?

Parler de la sexualité avec ses parents équivaudrait-il à parler de la corde dans la maison du pendu ? Les jeunes s’interrogent, mais la société a du mal à répondre. Face aux parents muets comme des carpes, ils ne restent pas les droits croisés. Mais alors, où trouvent-ils les informations qu’ils ont besoin ? Comme dirait l’autre, ‘’That is the question’’. 

La plus belle fille ne donne que ce qu’elle a, disent les Français. Comment voulez-vous qu’ils vous donnent des choses qu’ils n’ont pas ? Une indulgence, certes envers les parents, mais il n’en est pas moins vrai que tout ce qui a trait à la sexualité reste couvert d’une chape de plomb, même dans les ménages ‘’évolués’’ (vous nous excuserez de ce vocabulaire anachronique.). La société burundaise accepte difficilement de parler de l’intime. On est considéré comme malsain, quand on exhibe sa vie intime. On appelle ça ‘’ibiterasoni’’, c’est-à-dire ce qui fait honte. ‘’Ibiterasoni’’ que de tranquilliser sa fille tétanisée par l’apparition des premières règles ? ‘’Ibiterasoni’’ que d’éclairer la lanterne de son fils adolescent sur les pollutions nocturnes ? N’exagérons quand même pas. 

On ne va pas non plus jeter la pierre à la tradition, car dans le Burundi ancien, la fille pouvait compter sur sa tante pour en savoir plus en ce qui concerne la sphère de l’intime. Bien plus, ce n’est pas bien sûr du Kamasoutra qu’on lui enseignait, mais à la veille des cérémonies nuptiales la jeune fille suivait des séances d’éducation sexuelle de la part de sa maman ou des tantes. Quant au garçon, il paraît que son papa allait jusqu’à lui couper sa première barbe. 

Où trouver des réponses ? 

On le disait au début, les parents ont du mal à parler de sexualité à leurs enfants. Mais, le besoin légitime des jeunes qui veulent savoir, qu’est-ce qu’on en fait ? Face à leur mutisme, les jeunes doivent trouver des réponses. Yaga leur a tendu l’oreille. Si certains ont reconnu avoir acquis les premières informations à la radio, d’autres ont découvert les méandres de la sexualité à travers l’internet. Certes, on trouve de tout et du n’importe quoi en ligne, mais avec les jeunes, on a découvert que certains y dénichent parfois des réponses à leurs questions. Comme quoi, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il y en a d’autres qui ont su marier le besoin de s’informer et leur passion. ‘’Le premier jour où j’ai parlé de la sexualité, c’était d’abord devant les caméras’’, a-t-on appris de Chrétienne, une jeune actrice de 19 ans. 

D’autres en viennent à amasser des connaissances à travers la littérature, au point qu’ils deviennent des sources d’informations pour leurs camarades. ‘’À mon tour, je veux embarquer l’autre dans mon navire. Je manie les mots pour exprimer mes réalités et mes engagements en veillant à ne pas heurter la pensée d’autrui’’, dit Karell, 23 ans, dans un élan poétique.

Au-delà de ces exemples très édifiants, si un parent ne parle pas de sexualité à son enfant, il devrait au moins se poser la question de savoir où il tire ces informations importantes pour son épanouissement individuel. La politique de n’autruche n’est jamais payant. 

Quant aux jeunes qui vont nous lire, nous leur disons : ‘’Continuer de vous poser des questions. Et si vous ne trouvez pas de réponses, posez-vous encore des questions’’. C’est bien pour votre santé. 

 

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