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Mon pasteur, mon bourreau

La prière sauve des fois les âmes, et Chérissa y a cru, du moins jusqu’à ce qu’elle tombe sur lui. Son pasteur a plongé son âme dans les abysses de l’enfer. Récit

La guerre et ses séquelles sont ce qu’il peut arriver de pire à un pays. Chérissa notre bonne, a vu ses parents se faire décapiter en 1993, alors qu’elle n’avait que cinq ans. Elle a réussi à fuir, mais les cauchemars et le traumatisme sont, eux, restés avec elle. Elle s’est retrouvée dans un camp de déplacés de Bugendana où elle a passé son enfance. Vingt ans après cet événement malheureux, les mêmes cauchemars la hantaient toujours. Elle n’arrivait pas à se détacher de ce passé douloureux, surtout qu’elle était restée dans la même localité. Elle a décidé alors de descendre à Bujumbura afin d’y trouver un emploi de nounou. Malheureusement, les cauchemars n’ont pas cessé. Elle a alors trouvé une alternative, la prière.

Elle s’y est réfugiée, mais n’arrivait plus à cacher sa détresse. Les cauchemars persistaient. Elle était toujours renfermée sur elle-même. Au fond d’elle, elle voulait s’en sortir, mais ne savait pas comment s’y prendre. Un dimanche, le pasteur annonça qu’il était disponible pour ceux qui avaient besoin de conseils, ou d’être écoutés. Chérissa, désespérée, y a vu alors le remède tant attendu. Elle décida de raconter son passé à son pasteur.

Besoin de paix intérieure

« Je n’arrivais plus à supporter la hantise de mes cauchemars. Je me suis donc confiée à mon pasteur afin qu’il m’oriente et me conseille. », raconte Chérissa, les yeux plein de regrets. Elle poursuit : « Après m’avoir écouté attentivement, mon pasteur m’a promis toute l’affection qui me manquait, des prières et de l’aide afin que je m’épanouisse comme les autres ».

Ce jour-là, dit-elle, elle est rentrée soulagée, comme si elle venait de se libérer d’un gros poids sur ses épaules. Et c’est ainsi, qu’elle a commencé à se confier régulièrement à son pasteur. Un jour, il lui a dit qu’il lui fallait une délivrance profonde, et qu’il fallait aussi prier pour sa maison. Les visites à la maison venaient ainsi de commencer. Au départ, c’était juste pour prier. Inconsciemment, elle avait besoin de cette image paternelle, qui à chaque fois la couvrait de compliments. Elle trouvait donc cela normal. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle avait toujours hâte qu’arrive le dimanche, jour de son salut. Elle aidait dans différentes taches de l’église, et voulait tout faire pour satisfaire son nouveau « cadeau céleste »

Bonjour, la déception !

Un jour, le pasteur est venu lui rendre visite, comme il le faisait régulièrement, sauf que cette fois-ci, il ne s’est pas juste contenté de prier, il en a profité pour lui voler sa virginité, et ce, de manière brutale, il l’a violée. Elle aurait dû le dénoncer, mais n’y parvenait pas. Qui l’aurait crue ?  Le pasteur était très respecté et Chérissa, elle, n’était qu’une bonne qui louait une petite chambrette en attendant d’avoir un nouveau job. Le malheur ne vient jamais seul, dit-on, après le viol, Chérissa est tombée enceinte. Quand elle annonça la nouvelle au pasteur, celui-ci sembla désemparé et lui proposa d’avorter : « Mon pasteur m’ordonna d’avorter, car ce serait honteux si l’église venait à découvrir qu’il a eu un enfant hors mariage avec une bonne. Quand je lui ai dit que je n’allais pas avorter, il m’a supplié de me chercher un copain qui porterait le chapeau. Il a promis de nous aider financièrement. Je n’étais pas d’accord avec ça, même si je n’avais pas vraiment le choix. », explique Chérissa, tout en essayant de refouler ses larmes.

Elle garda le secret au sujet du géniteur. Quand elle mit au monde son bébé, la vérité éclata au grand jour. L’enfant ressemblait énormément à son père. Aujourd’hui, quatre ans plus tard, voilà que le pasteur réclame son enfant, l’enfant qu’il avait renié. « Comment croirais-je encore en la prière ? Comment ferais-je confiance aux pasteurs ou aux prêtres ? Je sais que tous les pasteurs ne sont pas comme ça, mais comprenez-moi, mon pasteur s’est servi de mon malheur pour assouvir ses besoins pervers. Au lieu de me guérir, il a enfoncé fort, le couteau dans ma plaie. Ma foi, cette faiblesse m’a conduit dans les abysses de l’enfer. La paix intérieure que je cherchais tant, je ne la trouverais jamais ».

Pendant que la jeune femme me raconte son malheur, toutes mes pensées vont vers elle et surtout à son enfant qui va grandir dans un tel environnement, sans oublier toutes ces jeunes filles qui vivent des histoires pareilles. 

Qui sauvera Chérissa de ce désespoir ?

 

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