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[#OyaNiOya] « Chers copains, qui ne dit mot ne consent pas toujours ! »

Pour un couple, faire l’amour pour la première fois, c’est un grand moment. Sauf quand le silence de la fille est interprété, à tort, comme un « oui ». C’est comme ça que le moment qu’on espérait magique se transforme en un banal et cruel rapport sexuel non consenti, en viol. Jasmine (nom d’emprunt), étudiante à l’université du Lac Tanganyika, l’a appris à ses dépens. Elle a cédé aux avances agressives de son partenaire et elle n’en a pas gardé un bon souvenir. Elle raconte.

[Deuxième article de notre dossier sur le consentement sexuel]

C’est un vendredi, le 14 février 2020. Il y a environ 2 mois que je suis en relation avec mon copain. Je suis en première année d’université, lui en troisième année. Le 14 février, c’est un jour spécial pour les amoureux et mon copain m’a invitée chez lui à Nyakabiga pour fêter comme il se doit la Saint-Valentin. Ce n’était pas la première fois que je m’y rends. Je me suis faite une beauté. Je porte une minijupe rouge, et un t-shirt noir. Je suis sur mon 31, bien dans mon corps. 

Pour info, la chambre de mon copain est ce qu’on appelle un ‘’ghetto’’, un studio austèrement meublé. Le lit nous sert de siège. Il m’attend avec des fleurs à la main, une carte où il a écrit un bon poème d’amour. Je suis aux anges. Un verre de vin, des samoussas et des crèmes glacées commandés pour l’occasion. La soirée s’annonce très belle.

Crier ? Impensable !

Pour la première fois, mon copain laisse sous-entendre son désir de coucher avec moi. Je n’y prête pas attention. Mais je me dis intérieurement : « Pense-t-il que parce que je suis là dans son lit, c’est open bar ? Non !». D’un coup, il commence à m’approcher doucement. Sa main glisse sur mes cuisses. Je l’ôte instinctivement. Faisant semblant de me comprendre, il s’excuse rapidement. Mais, encore et encore, il revient à la charge.

L’incompréhension, la déception et la gêne se sont installées. Je n’ai plus qu’une envie : partir de là. Ayant tenté de m’embrasser en vain, il change de tactique et essaie de me déshabiller plusieurs fois. À la fin, je me fatigue à tenter de repousser ses tentatives. Je me laisse alors bêtement faire, sans rien dire. Par ailleurs, qu’aurais-je pu dire du moment qu’on ne m’avait rien demandé ? Coincée dans les quatre murs de son ‘’ghetto’’, je suis à sa merci. Je ne résiste pas longtemps. C’est un mec costaud, plus fort que moi. Comment puis-je continuer à batailler contre cette masse de muscles ? Crier ? Impensable ! Il pourrait pu m’étrangler d’une seule main. 

Sauver ce qui peut encore l’être

Aujourd’hui, je revois encore nettement la suite de cette scène. Je me vois m’allonger sur le lit, le visage fermé. Ça a commencé par un baiser langoureux, celui dont je n’avais pas très envie. J’ai dû me soumettre à sa volonté. J’ai fini par lui exiger moi-même une capote, histoire de sauver ce qui pouvait encore l’être….et pour avoir la paix. En plein acte, je n’avais qu’une envie : lui planter mes ongles dans le dos…. ou une dague dans son cœur de pierre. J’avais honte de ne pas avoir pu dire non. Ce n’était pas agréable. Mon corps tout entier exprimait le dégoût. 

J’étais rigide, sans élan, sans envie, sans passion, dans une position de soumission qui décuplait mon humiliation. N’importe quelle personne bien intentionnée aurait pu facilement deviner que je n’en avais pas envie. Lui, il s’en foutait éperdument.

À la fin du supplice, je me suis sentie, sale, inutile, déchirée. Comment a-t-il pu me faire ça, lui d’habitude si doux ? Il aurait pu patienter qu’on n’aurait pu décider de le faire de commun accord ! Voilà qu’il venait de tout gâcher. Sur le chemin de retour, les propos cruels du genre : « Elle n’a pas dit non », « Elle l’a bien cherché », « Pourquoi a-t-elle accepté de venir si elle ne voulait pas », etc., sont venus hanter mon esprit désabusé. Je ne l’avais dit à personne, avant aujourd’hui. 

 

Pour lire l’intégralité du dossier, cliquez sur : https://www.yaga-burundi.com/dossiers-yaga/oyanioya/

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