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Gatumba : s’offrir pour s’en sortir

Gatumba, comme d’autres coins du pays, fait face au chômage endémique des jeunes.  Si ce ne sont pas des garçons qui se font entretenir par des « Sugar Mami », ce sont des filles très jeunes qui se résolvent  à quitter le foyer familial pour offrir des faveurs sexuelles. Nous avons discuté avec deux jeunes de Gatumba.  

Le climat est clément. Les traces des récentes inondations commencent à s’effacer. Gatumba semble serein et ils sont nombreux les jeunes aux abords de la RN4. Violette Hatungimana, 33 ans, habite à Mushasha. Et le moins que l’on puisse dire est que sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle a passé sept longues années au chômage. Elle ne savait pas comment s’en sortir. Des fois, elle faisait des choses dont elle n’était pas fière. 

Un bon jour, elle est parvenue à réunir une somme de 20 000 BIF. Avec cette somme, elle s’est lancée dans le commerce du poisson. Maintenant, elle a un capital de 100 000 BIF. A l’entendre parler, elle s’en sort plutôt bien, du moins par rapport à sa situation d’avant. 

Le chômage, la racine du mal ?

« Trop de jeunes filles de 16 à 20 ans tombent dans les filets de ces ‘‘opportunistes’’. Ça fait peur de voir combien elles sont jeunes. Mais tout ça, c’est parce qu’il n’y a plus moyen de vivre décemment », indique la trentenaire qui n’a rien oublié de son passé. Et d’ajouter : « C’est déplorable, un mec t’achète une seule bouteille de Primus et commence à te toucher. Hé oui, il faut bien acheter des serviettes hygiéniques, des babouches, etc. », regrette Violette. 

Elle se souvient encore d’une scène hallucinante à laquelle elle a assisté, dans un quartier populaire de Bujumbura et qui lui est restée en mémoire. Une fille est passée dans un bar contigu avec un hôtel délabré. La fille a demandé au garçon qui travaille dans l’hôtel : « Tu peux me faire combien, parce que je suis très fauchée et je dois de l’argent à quelqu’un. Le type lui a rétorqué qu’il juste de quoi lui acheter des œufs. La fille a refusé mais lui a dit qu’elle doit rembourser 500 BIF de toute urgence. Le garçon lui a alors demandé de passer dans la chambre d’abord. La fille s’est exécutée et l’affaire a été conclue ».

Les jeunes garçons ne sont pas épargnés

Au milieu de la discussion, une jeune fille passe par là. Violette la reconnaît et l’interpelle directement. « Tu vas où ? Viens causer avec un journaliste qui s’intéresse aux jeunes ». La jeune fille nous  rejoint. Elle s’appelle Emelyne Buzana et habite à Gaharawe. Selon elle, offrir des faveurs sexuelles découle du chômage des jeunes et concerne aussi les garçons. À Gatumba ils sont nombreux à se mettre en ménage avec des femmes plus âgées qu’eux pour gagner quelques sous. Ces femmes sont surnommées « Sugar Mami ». Et toujours selon elle, c’est un danger parce que ces femmes qui se mettent en ménage avec les jeunes hommes ont souvent des maladies qu’elles peuvent leur transmettre.

 

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