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« Être père, c’est aussi s’occuper de ses enfants »

Au Burundi, éduquer les enfants relève du domaine maternel et le père n’est présent que pour pourvoir aux besoins financiers de la famille. Quelle est l’importance du papa dans l’éducation d’un enfant.

Être parent ne s’apprend dans aucune école. Chaque parent y va par essai et par erreur en puisant dans l’éducation qu’il a reçue ou dans les tendances éducationnelles de son temps. Au Burundi, la tradition veut que le rôle d’inculquer l’éducation à l’enfant soit dédié complètement à la mère. C’est elle qui le met au monde, c’est donc à elle de s’en occuper. Logique… Quant au père ou la figure paternelle présente, il fournit le toit, la nourriture, etc. L’enfant étant en fusion avec sa mère à la naissance, il faut une tierce personne pour l’introduire dans la société. Le père donne des ordres, punit et règle les affaires familiales. Mais ça, c’était avant…

Maintenant, certains hommes veulent et revendiquent une place plus importante auprès de leurs enfants. Aujourd’hui, selon les experts, les pères peuvent fournir une protection, des ressources matérielles, des soins directs et indirects, par exemple, changer les couches, jouer avec l’enfant… ils peuvent aussi servir de modèles sociaux. Leurs impacts sur les enfants peuvent notamment être mesurés en termes de fécondité (nombre d’enfants), survie et santé, niveau de scolarité atteint, développement socioaffectif (habiletés émotionnelles, développement du langage) et paramètres de reproduction (par ex., relations de couple et fécondité des enfants).

Le poids de la tradition

Être un homme et dépasser les cadres ordinaires imposés par la tradition n’est pas toujours facile. Parfois, c’est la mère qui rejette l’implication du géniteur suite à la pression de la société. Un homme qui est très présent est parfois mal vu par la société burundaise. Il n’est plus considéré comme étant un homme. Réussir à faire fi des médisances est chose très difficile. Arnaud, 35 ans, père de deux enfants, témoigne : « Oui, je sais que c’est bizarre pour beaucoup de parents burundais, mais je m’implique dans l’éducation de mes enfants. J’emmène mes enfants à l’école, je surveille leurs devoirs, je leur parle et je joue avec eux. Quand il y a un problème à l’école, c’est moi qu’ils appellent. Ma famille trouve que je m’implique trop. Mon père ne cesse de me dire que c’est un boulot de femme que je fais. Je le fais parce que cela me plaît et parce que je voulais changer de l’éducation que j’ai reçue. Mon père était présent mais pas pour s’occuper de nous. C’était le genre de père qui s’assoit au salon avec sa bière et qui ne s’est jamais intéressé à mes frères et moi. Quand je suis devenu père à mon tour, il a voulu devenir ami avec moi mais je n’avais aucune connexion avec lui. Pour moi, c’est comme un étranger. Je n’ai rien à lui dire et je ne veux pas la même chose pour mes enfants. Je veux qu’ils puissent me parler et avoir confiance en moi. »

Les exceptions qui confirment la règle

Annie, aujourd’hui 40 ans, a été éduquée par son père : « Mon père est devenu veuf très tôt et il ne s’est jamais remarié malgré la pression de la famille. Il nous a élevé tout seul mes sœurs et moi. J’avoue qu’au début, c’était difficile parce que nous étions des filles mais il a toujours été là pour nous. Pour les questions gênantes auxquelles il n’avait pas de réponse, il nous envoyait vers une amie ou une tante capable de nous expliquer. Il était à la fois le père et la mère. Douceur et autorité, il nous a donné beaucoup d’amour et d’ailleurs, c’est tout ce dont les enfants ont besoin. Il était différent des pères de mes amies et d’ailleurs, ces derniers ne rataient pas une occasion de se moquer de lui mais mon père nous a toujours dit que c’était son choix et qu’il l’assumait. »

Est-ce différent d’être élevé dans une famille monoparentale ou par les deux parents ? À qui revient le rôle d’éduquer les enfants ? Actuellement, certains chercheurs pensent que pour le bien-être de l’enfant, le père et la mère doivent s’impliquer dans l’éducation de leurs enfants, d’autres pensent que le rôle du père est substituable par n’importe quel individu masculin et que le rôle d’éduquer un enfant revient à chaque individu de son entourage. Et vous qu’en pensez-vous ? 

 

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