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Le consentement sexuel : un concept assez flou au Burundi

Le terme « consentement sexuel » est composé de deux mots clairs et compréhensibles. C’est l’accord que les personnes se donnent mutuellement pour qu’une activité sexuelle ait lieu entre elles. Mais néanmoins, cette notion est toujours source de confusion et de polémiques. Au Burundi, l’incompréhension du consentement est ancrée depuis longtemps dans notre culture et ce n’est pas pour bientôt que les mentalités vont changer.  

 « Abakobwa ni bankabemera ». (Les filles disent non pour dire oui, Ndlr). Cette phrase est souvent utilisée comme argument principal pour justifier certaines violences sexuelles faites aux femmes burundaises. Elle prend racine dans la culture burundaise où, rappelez-vous, dans le Burundi ancien, lors de la nuit des noces, la mariée devait se débattre quand son mari la déshabillait. Et c’est par là qu’ait venu le terme « Guca ince »  qui signifiait déchirer les habits de la mariée pour après les donner au comité d’organisation du mariage qui attendait dehors en chantant. Le terme désigne aussi déchirer l’hymen.

D’ailleurs cette coutume est toujours présente dans certaines provinces du pays.  

C’est donc après s’être débattu que la mariée pouvait s’offrir à son époux. Il était inconcevable que la femme se donne directement à son homme, ou se déshabille elle-même, ce qui aurait été considéré comme signe de mauvaise éducation ou des mœurs légères de la femme. En préparant donc la jeune fille à sa première nuit de noce, ses tantes lui répétaient clairement qu’il fallait résister et se débattre avant de passer à l’acte. 

Les mentalités doivent changer 

Les années ont passé mais l’éducation de la fille et les mentalités des burundais ont peu évolué. Par exemple, ce n’est pas commun de voir une femme dire à un homme qu’elle a envie de lui, de peur d’être considérée comme une traînée. Même mariées, peu de femmes osent faire concrètement le premier pas vers leurs maris pour des relations sexuelles. Tout ça parce que la fille burundaise est toujours éduquée à être belle, sage, propre et obéissante pour son futur mari, mais rarement (j’allais dire jamais) pour exprimer son envie sexuelle ou dire non quand elle n’en a pas envie. Ainsi le viol conjugal est encore plus flou et incompris par beaucoup. Car selon notre culture, la société, la religion, la loi, la femme ne doit jamais dire « non » à son mari quand ce dernier lui exprime son envie d’avoir des relations sexuelles car cela fait partie de ses « devoirs ».  

En dehors du mariage, le consentement sexuel entre jeunes amoureux est encore plus problématique. Par peur d’être abandonnées, sous l’effet de l’alcool ou la pression du partenaire, plusieurs filles finissent par accepter des relations sexuelles dont elles n’avaient pas envie au fond. Et ainsi quand le « non » du départ finit par devenir un « oui », certains hommes réaffirment l’assertion du départ « abakobwa ni bankabemera ». Par ailleurs, certaines filles refusent au départ les avances de leur partenaire à cause de l’éducation stricte reçue qui pousse la fille à ne pas extérioriser ses envies sexuelles de peur de passer pour une dévergondée. Toutes ces  éléments mis ensemble rendent encore plus flou le consentement sexuel que ce soit au Burundi ou ailleurs.  

Non, c’est non ! 

Le consentement sexuel devrait être comme les vœux de mariage : « Oui je le veux ! » d’une façon claire et audible, ce qui rend caduc l’adage « qui ne dit mot consent ». Elle doit être donner  par une personne en état de le faire, de façon libre et éclairée, c’est-à-dire que si une personne est inconsciente, trop ivre ou droguée ou bien menacée de représailles, son consentement n’est plus valide. Et si pendant l’activité sexuelle, la fille se rétracte et refuse de continuer son partenaire doit cesser immédiatement, sinon c’est aussi considéré comme une agression sexuelle.   

Ce dernier point crée encore plus de polémique car peu d’hommes acceptent  de stopper un acte sexuel consenti au départ et acceptent encore moins que c’est une agression sexuelle dans ce cas-là.  

La route est donc encore très longue pour qu’il y ait une compréhension commune de la notion de consentement sexuel claire et nette tant que notre culture et notre société ne considèrent pas pleinement l’avis de la femme par rapport à sa vie sexuelle. Est-ce nécessaire de rappeler que les violences sexuelles qui en découlent ne cesseront pas non plus ? Eh bien, c’est fait !  

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Oya sico bisigura gusa mumico n’umugenzi y’uburundi ntivyari bimenyerewe KO umukobwa yipangira inzu . unomunsi murabonako abakobwa bakora imirimo itandukanye mubisagara bitandukanye vyumvikana KO bipangira Aho baba kurya kwabahungu.bref vyose bizanana n’a changement de mentalité