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Le choix d’un (e) conjoint(e), hier et aujourd’hui

Contrairement au Burundi ancien où il n’y avait pas de contact direct entre les futurs époux, actuellement, la responsabilité échoit aux jeunes de se choisir leurs futurs partenaires selon des critères qui leur sont propres. Quels avantages et inconvénients sous-tendent une telle évolution ? Éclaircissements.

Si on entend dire que dans le Burundi ancien, le garçon en âge de se marier ne choisissait pas lui-même sa conjointe, c’est qu’il y avait une autre personne qui s’en chargeait. « Kuresha (draguer, ndlr), c’est séduire une jeune fille pour qu’elle accepte de s’unir avec quelqu’un dans le but de fonder une famille », explique l’abbé Adrien Ntabona, Professeur à la retraite de l’Université du Burundi et spécialiste de l’anthropologie. D’après lui, cette activité ne pouvait être entreprise par les parents du jeune homme puisque ce serait déshonorant de les voir persuader une jeune fille d’épouser leur fils. Le rôle était joué par Umuranzi (du verbe kuranga en kirundi et qui signifie montrer), une personne choisie par les parents du garçon et qui était chargée de faire une enquête sur les mœurs de la fille et sa famille, de convaincre la fille, et de donner un feedback à la famille du garçon.

Umuranzi pouvait être un voisin de la famille de la jeune fille, son cousin, sa tante ou une autre personne qui connaissait bien sa famille. « Pour la fille, la beauté physique n’était pas primordiale. Umuranzi regardait ses bonnes manières, comment elle cohabite avec les voisins, comment elle exerce les travaux ménagers et champêtres, comment elle entretient la propreté de l’enclos et de son corps. Par exemple, la fille se levait très tôt le matin pour balayer l’enclos, enlever la bouse de la vache dans la cour. Si des visiteurs trouvaient l’enclos sale, la fille qui y demeurait n’était pas préférable », fait savoir l’abbé Ntabona. Il explique qu’Umuranzi, pour son enquête, ne se limitait pas à la fille seulement. D’autres observations importantes se faisaient aussitôt sur sa famille. Il s’agissait notamment de la richesse (vaches, terres fertiles,…), les mœurs et la bonne cohabitation avec les voisins.

Il arrivait que la fille ou sa famille, après avoir fait à leur tour une enquête sur les critères ci-hauts cités à propos de la famille du garçon, renonce à nouer la relation avec celle-ci. Dans ce cas, le message était rapporté par le même Muranzi. « Lorsque les deux familles parvenaient à s’entendre, poursuit Ntabona, elles s’organisaient pour se rencontrer et discuter sur la fête de « Gusaba irembo »(annonce du garçon à la famille de la fille). La même fête avait la signification de l’unité et de l’amour entre ces deux familles. La dot (qui pourrait être une génisse, un objet comme la houe dépendamment de ce que la famille de la fille a demandé) venait en second lieu, dans une logique de renforcement de l’unité dans l’alliance»

Le traditionaliste affirme qu’il y avait des clans qui ne se mariaient pas entre eux suite aux interdits. Ces derniers n’étaient pas à vrai dire fondés car sans cause visible.

Nouveaux acteurs, mêmes critères

À en croire Anicet, un étudiant de 25 ans, les critères dans le choix d’une conjointe n’ont pas tellement varié depuis l’ancienne époque. « Pour moi, les bonnes manières d’une fille viennent en premier. Est-ce que  la fille a de bons comportements ? Est-ce qu’elle cohabite bien avec les autres? », explique-t-il.

« Concernant la beauté, je ne tiens pas beaucoup des apparences physiques qui peuvent être parfois trompeuses. Toutefois, les goûts diffèrent selon les individus. Certains préfèrent une fille   qui soit généreuse, riche, bien accoutrée, mais, insiste-t-il, les valeurs morales sont plus importantes que les choses matérielles. »

Toujours selon Anicet, la belle famille ne joue aucun rôle dans le choix du conjoint de leurs enfants. Ce sont les futurs époux qui décident et expliquent  le projet à leurs parents. Il arrive que les parents ne soient pas d’accord avec le choix mais ils sont souvent incapables de changer la volonté de leurs enfants. Les parents peuvent seulement donner des conseils pour voir si leur fille ou leur garçon pourrait changer d’avis.

Pour Bolingo, 26 ans et célibataire, « il serait préférable que mes parents et mes beaux-parents s’entraident et s’entendent bien pour l’honneur et l’amour de notre couple. Mais en aucun cas ma famille ou ma belle-famille ne peut interférer dans nos choix. »

Une évolution pour quel bilan ?

D’après Dr Aloys Toyi, sociologue enseignant à l’université du Burundi, les changements qui ont accompagné ces évolutions sont à situer à deux niveaux : la compréhension du mariage et le rôle des parents au sens large dans le mariage. « Le mariage compris fondamentalement comme une institution sociale cède la place au mariage qui devient de plus en plus une affaire de deux individus plutôt qu’une affaire de famille  », fait-il observer. Et d’ajouter : « Le patrimoine n’est plus la propriété familiale (itongo), mais l’argent. Le garçon et la fille peuvent maintenant gagner l’argent et se prendre en charge à tous les niveaux y compris la compréhension et la gestion de leur mariage. La présence de leurs parentés est par conséquent reléguée au second plan. Ils ne jouent plus un rôle fondamental ni au niveau de la compréhension du mariage ni au niveau de sa gestion. »

Par ailleurs, des avantages et des inconvénients se manifestent aussi bien pour l’ancien que pour l’actuel modus operandi en matière de séduction. « L’avantage de l’ancienne méthode est sans nulle doute la stabilité du mariage tandis que l’inconvénient réside dans le fait que ce système favorise les mariages d’intérêt », précise Dr Aloys Toyi. Pour la deuxième voie, plus moderne, « il y a plus de responsabilisation des conjoints. L’inconvénient majeur est la relativisation de la compréhension du mariage qui fragilise la famille et, par ricochet, la société ».

 

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Les commentaires récents (7)

  1. Je pense que cette Methode actuelle est la plus acceptée car dans l’ancienne il arrivait que les conjoints fondaient leur foyer sans amour reciproque