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Cancer du sein : que coûte sa prise en charge au Burundi ?

Alors que les Burundais ne font plus le tourisme médical pour le diagnostic et la prise en charge du cancer du sein, l’absence du cancer sur la liste des maladies prises en charge par la mutuelle et les autres assurances-maladie handicapent sa prise en charge au Burundi. Claudette (nom modifié) est en pleine rémission du cancer du sein. À quel prix ? Elle témoigne.

Tout commence le 14 avril 2019. Lors des caresses avec mon mari, j’ai découvert une petite boule dans mon sein gauche. À vrai dire, du haut de mes 42 ans, je ne m’étais jamais palpée les seins. Comme la petite boule ne me gênait en rien, je n’ai pas consulté. Une année après, le sein gauche était plus volumineux et douloureux que le sein droit. J’ai alors décidé de consulter à l’hôpital de Muyinga où j’habite. Ce fut le début d’un long calvaire tant sanitaire que financier.

Coût sanitaire

Chez le médecin généraliste, j’ai payé 1500 Fbu de consultation médicale, 15 000 Fbu pour l’échographie mammaire et 10 000 Fbu pour un anti douleur fort « Antalgex ». Vu les résultats de l’échographie, il m’a recommandé de faire une consultation spécialisée chez un gynécologue. 

Sans gynécologue à Muyinga, j’ai dû descendre à Bujumbura. Avoir ce spécialiste dans un hôpital public fut un autre calvaire. J’ai dû en trouver un dans le privé où une consultation coûte 20 000Fbu. Après consultation, une mammographie à 60 000Fbu fut réalisée. Un cancer du sein était suspecté mais il fallait un examen de confirmation. D’où une biopsie mammaire pour une somme de 200 000Fbu. Il fallait aussi savoir si mon cancer avait des métastases ou pas. Les bilans du sang, une radiographie pulmonaire et une échographie abdominale coûtèrent 75.000Fbu. Mon cancer n’avait pas encore atteint un stade avancé, il était donc guérissable. Un ouf de soulagement !

Le médecin me recommanda une mastectomie (ablation du sein) couplée à de la chimiothérapie. Après l’intervention chirurgicale et les frais des soins en hospitalisation, l’hôpital me fila une facture de 600.000Fbu. Côté chimiothérapie, j’achetai un flacon de médicament « paclitaxel » à 82.000Fbu pour chaque séance de 200.000Fbu toutes les trois semaines, et cela pendant 6 mois. Huit séances en tout pour 2.256.000Fbu. Jusque-là, le cancer du sein me coûta donc 3.237.500 Fbu.

Coût économique

À part ces coûts sanitaires, ma famille et mes amis ont eux aussi mis la main dans la poche. Là, je parle des dépenses subies par les familles d’accueil, le coût des tickets Muyinga-Bujumbura, les frais de déplacements en ville, sans oublier les coûts liés à la perte de production via les congés maladie et ceux de ma garde-malade.

Des sommes qui donnent le tournis dans un pays où le citoyen lambda gagne 0,8 USD par jour en moyenne, et où 65 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Raison pour laquelle les assurances de santé et les mutualités devraient s’appliquer à amortir le choc. De plus, une unité d’oncologie dans un hôpital public serait salutaire. Les examens de confirmation du cancer du sein et les deux seules unités d’oncologies du pays sont dans les mains du secteur privé.

Et pour ceux qui sont encore sains, le meilleur moyen d’éviter toutes ces dépenses reste la prévention par l’adoption d’une hygiène de vie saine, l’auto-palpation régulière des seins, et une consultation précoce pour n’importe quelle anomalie du sein.

 

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