Si grâce à la désinhibition, la consommation modérée d’alcool aide à vaincre la timidité, son abus pousse souvent aux comportements à risque. C’est ce qu’a vécu Ingrid, une jeune fille qui a côtoyé le mouvement M23 des années 2013, et qui, à cause de l’alcool, est devenue mère à 16 ans, d’un enfant de père inconnu. Témoignage.
M23 ou « abana b’isi » ou simpliment « abisi », ça vous dit quelque chose ? Loin de la rébellion congolaise qui renaît de ses cendres à l’est de la RDC, le M23 dont il est question dans ce texte était un mouvement de jeunes filles de moins de 23 ans, qui s’étaient constituées en sorte de « gangs » qui carburaient à l’alcool, au sexe et à la drogue. Pour eux, boire n’était qu’une compétition. Et s’enivrer était devenu comme un acte de bravoure. Cette sorte de « carpe diem », Ingrid s’y est engluée en 2013, à cause d’une mauvaise compagnie.
Ingrid n’avait que 15 ans. Au cours d’une sortie habituelle dans un bar branché de la capitale économique, elle a fait connaissance avec un inconnu. Atmosphère chaleureuse et festive, ce dernier l’a fait goûter au whisky pour agrémenter la soirée. « J’ai même essayé la chicha. L’alcool m’avait permis de m’affranchir. Avec quelques verres, j’osais tout », confie Ingrid, avant de renchérir qu’elle était totalement inconsciente du danger.
Descente aux enfers
Il était 2h et Ingrid était trop épuisée. Elle voulait rentrer, mais personne parmi les M23 n’était disponible pour l’accompagner. C’est un inconnu qui s’est proposé pour l’accompagner. Ayant trouvé les portes de chez ses parents fermées, l’inconnu lui a tendu la main et l’a amenée dormir chez lui. Le hic est qu’il vivait en colocation.
Ivre, elle s’est vite endormie avec les habits. Curieusement, le matin, elle était toute nue avec un peu de sang sur les draps. Elle se sentait sale et douloureuse au niveau des cuisses. C’est là qu’elle s’est rendue compte qu’elle avait été abusée sexuellement. Voulant avoir des explications, l’inconnue et son colocataire lui ont dit qu’ils lui ont demandé son accord pour un plan à trois, et qu’elle avait accepté. « Ils ont profité de mon état d’ébriété, de mon incapacité à résister. Mon consentement n’avait aucune valeur dans l’état qui était le mien », confie Ingrid.
Bonjour les dégâts
Trois semaines après, aller pisser était un calvaire. À côté de la douleur, du pus et un peu du sang sortaient de son vagin. À l’hôpital, le diagnostic est tombé. Elle avait une infection sexuellement transmissible et elle était enceinte, avec un risque d’avortement. « Comment savoir qui entre les deux m’avait transmise cette IST ? Entre les deux, qui était le père de l’enfant que je portais? », se demandait Ingrid. Difficile de le savoir. Elle a accouché en 2014 à 16 ans. Faute de test d’ADN, elle et son gosse ne savent pas jusqu’aujourd’hui qui est le père.
Elle n’a fait que jeter son dévolu sur l’alcool. Aujourd’hui, elle donne un conseil aux autres jeunes filles et garçons : la consommation excessive d’alcool engendre une sorte de myopie qui réduit la capacité à reconnaître les signes du danger. Cette myopie augmente aussi le risque d’avoir des rapports sexuels sans protection et sans consentement, avec tous les risques que cela comporte.
Cet article est très riche , Bravo a l’auteur de la plume tout en espérant que le message d’Ingrid aura un impact positif sur la vie actuelle des jeunes filles