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Le soutien de Museveni à Nkurunziza va aggraver la crise burundaise

La déclaration conjointe des présidents ougandais et tanzanien lors du sommet des Etats de l’Afrique de l’Est n’a pas fini de faire des remous. Pour le blogueur Jean Marie Ntahimpera, ce soutien au pouvoir de Bujumbura vient de torpiller le dialogue et ouvre la boîte de Pandore. Analyse.

A l’issue de la réunion des chefs d’Etat de l’EAC, le Président ougandais Yoweri Museveni a plaidé pour la levée des sanctions contre le pouvoir de Bujumbura :« Le Burundi est notre membre et aucune action ne devrait être prise contre lui sans nous demander. Notre maison est notre maison ».

Ces déclarations ont sonné dans les oreilles des caciques de Bujumbura comme un soutien implicite de l’EAC. Désormais ils se sentiront encouragés à poursuivre leur projet de révision de la Constitution pour se maintenir au pouvoir. L’opposition, qui se voit trahie, va perdre l’intérêt pour le dialogue et sera tentée de rejoindre les groupes rebelles pour chasser le pouvoir en place par les armes, ce qui risque de provoquer une guerre ouverte au Burundi.

Changer le médiateur

Le président Museveni, qui devient le président  de la Communauté Est-Africaine, est en même temps le médiateur en chef dans le conflit burundais. Et le fait qu’il soutient ouvertement le régime de Bujumbura compromet tout le processus de dialogue dont il est chargé. La bonne chose à faire serait que le dialogue d’Arusha change de main, puisque dans l’état actuel il ne peut servir à rien.  Il faudrait le mettre dans les mains de l’ONU par exemple, qui, elle, contrairement à Museveni, est sensible à la souffrance des Burundais, et a exprimé à plusieurs reprises son indignation face aux violations des droits de l’homme qui ne cessent de se commettre au Burundi.

Mais la vérité est que, même dans les mains  de l’ONU, aucun effort de dialogue ne peut réussir s’il n’est pas soutenu par la région. L’accord d’Arusha de 2000 a réussi parce que nos pays voisins étaient impliqués, et parce que ces mêmes pays avaient adhéré à l’embargo imposé au régime putschiste de Pierre Buyoya.

Que faire ?

Faut-il se résigner à laisser le Burundi devenir une dictature pour toujours ? La réponse est non. Ce que nous devons comprendre est que dans les conditions actuelles le dialogue en soi ne peut pas régler la crise burundaise. Ce qui mènera a un vrai changement, c’est le renversement des rapports de forces, pas nécessairement par la voie des armes : le Burkina Faso en est l’exemple. Les Sud-Coréens ont vaincu  3 dictateurs sans recourir aux armes, avant de construire l’une des démocraties les plus solides au monde depuis 1987. Omar Hassan, le sénateur de Mombassa au Kenya, et l’un des poids lourds de la plate-forme de l’opposition CORD dirigée par Raila Odinga, disait aux députés de l’EALA que  « nous ne nous intégrerons pas avec les dirigeants qui étouffent la liberté d’expression, punissent l’opposition ou jettent leurs adversaires en prison ». Si CORD gagne  les élections d’août prochain, ce qui est possible, les forces démocratiques de la région auront un allié de poids.

Ce qui semble certain, si tous les partisans de la démocratie au niveau régional, qu’ils soient politiciens ou de la société civile, parviennent à faire un front commun pour la cause burundaise, les rapports de force pourront changer et la démocratie pourra gagner.

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Les commentaires récents (4)

  1. Eh ! Oui chers amis ! Le président tanzanien s’en fiche, chez lui l’alternance est entrée dans les mœurs du pays. Quant à l’accueil des réfugiés, c’est une très bonne image internationale pour le pays.
    Museveni ! Combien de temps est-il au pouvoir ? Combien de partis d’opposition dans son pays ? Il est clair qu’il ne fera jamais à son ami ce qu’il ne souhaiterait pas pour lui-même. Hasigaye iki none ? Les démocrates, avez-vous des propositions et actions concrètes pour que le pouvoir vous considère ? Le Burkina Faso n’est pas le Burundi mais il peut servir d’exemple.

  2. Très bonne analyse Mr Jean-Marie Ntahimpera et je vous remercie.

    Ce que vous venez de dire est plus que vraie sauf que même s’il y aurait un sauveteur venu « d’ailleurs », le problème qui surgirait souvent serait le manque de leadership de ceux qui s’opposent au régime sanguinaire de Bujumbura sachant que la solution au mal burundais ne viendra que des Burundais eux-mêmes. Oui bien sûr, il nous manque de cohésion entre les forces vives politiques, armées et civiles de l’opposition. « Uwuja gukira ingwara arayirata », dit-on en Kirundi. Des divisions internes se succèdent du jour le jour et cela donne raison à ceux qui pensent que le régime de Bujumbura n’est pas du tout fort mais qu’il se ressource en force dans la faiblesse de ses opposants. Heureusement, cette tendance n’est pas statique.

    Pour ceux qui empêchent les choses d’aller comme elles devraient aller, il viendra un jour (espérons bientôt) où ils verront que leurs « égos » ne valent plus rien que l’intérêt général de la nation. Et c’est là que le soutien de « tous les partisans de la démocratie au niveau régional » et même international aura de bon résultat attendu. Car, la crise burundaise a peu de solutions et l’une d’elles sera efficace et je suis très optimiste à sujet, ça tarde mais ça arrivera. Wait and see !

    Autre chose très étonnant sur ce sujet du Burundi; après avoir lu le rapport que le facilitateur Mkapa a remis aux chefs d’états de l’EAC pour le sommet, je vous suggère de faire une analyse là-dessus, vous verrez que ces chefs d’états n’ont rien pris en compte de ses recommandations, mais ont pris leurs déclarations à partir à d’autres priorités personnelles.

    Le fait que Museveni a soutenu le régime de Nkurunziza Pierre en condamnant les sanctions contre le Burundi décidées par l’Union Européenne,
    il a montré que le cas du Burundi dans ce sommet n’était pas très préoccupant qu’ils se sont plutôt concentrés sur des sujets d’intérêt régional, sur leurs propres priorités. Entre autre, l’EPA (Economic Partnership Agreement) et sur ce sujet, il devrait y avoir des positionnements des uns et autres sur le cas du Burundi sur l’implication de l’UE pour avoir des prétexte. Pourtant, les sanctions de l’Union Européenne contre le Burundi relèvent du non-respect de l’Article 96 des Accords de Cotonou de la part de la partie burundaise. Elles n’ont rien à voir avec l’EPA qui devra exister entre l’EAC et l’UE, après sa signature. Par ailleurs, le représentant de l’UE en Tanzanie a déclaré à la fin du sommet que « les sanctions seront maintenues tant que la situation au Burundi ne changera pas. » Une bonne nouvelle à ce propos.

    C’est pourquoi je dis qu’il y a eu vraiment de l’incohérence dans les arguments qu’ils ont déclarés, car on sait tous que le problème de l’accord de l’EPA entre EU et EAC reste point central même s’il y a d’autres causes. Il s’agit de la lutte de positionnement économique dans la région qui oppose la Tanzanie et le Kenya, puissance économique régionale et qui a déjà signé l’EPA en question . Et l’histoire de corruption entre Nkurunziza et Museveni sur l’affaire des Cahiers Picfare qui valaient des millions de dollars.

    Tout cela nuit à la crédibilité et l’impartialité de la région dans la médiation. Je pense, comme vous l’avez dit, que le mieux serait de chercher une autre organisation qui s’occupe de la médiation. Par exemple, l’ONU.

    Malheureusement, la région reste importante dans tous les cas d’où la nécessité de s’allier à toutes les démocrates de la région pour demander à leurs chefs d’états de s’impliquer dans la recherche de la solution pacifique, sinon le pire est à craindre. Une guerre civile serait inévitable et avec des dégâts humains et matériels.

    Pour Bujumbura et ses alliés, Museveni (au nom de la région) a bien parlé. Mais, il y a les beaux discours et la réalité derrière ces déclarations. Car, même si je viens d’évoquer tout cela, on ne sait pas encore les vraies intentions de Museveni et son vrais positionnements par rapport à la crise du Burundi. Pour le moment, il a mis devant ses intérêts mais, le temps peut nous surprendre.

    En attendant ces surprises qui pourront ne même pas arriver, il faut que nous sachions que c’est à nous, burundais, de solutionner notre problème. « Akimuhana kaza imvura ihise ».

    Merci.

    1. Mkunda kumva bavugango : Ntamvura idahita! Ikigoye nuko ihita ihitanye inganda, zizira a karenganyo Ubukene. Kuko ababipfa n’ababisangiye. Ico batazi nuko batazohoraho, Ubwatsi burasha bukabisa ubundi. Ntanagahengekezo Uburundi bufise. Muravye Umucafu uri muri karya Gasagara kangana kurya, muravye izo Bulliding bubakira mumwavu uraho. Muca mubona personnalité iranga umunoho n’inyota no gusahuranwa amahera y’igihugu. Bizobagezahe? Ntawarushije Ababirigi kubaka iza Kilili none ntibabisize Ubu barapfuye bose none? Ubo batoba bisamburirako nk’Impene Kazoza ni nyabaki?Ce n’est pas sûr ko bazobisigira ababo. L’histoire nous le dira.

  3. Merci Frère Burundais Pour Vos Commentaires Un Peu Fondés. Mais Nous Autres Nous N’allons Pas Beaucoup Parler Parceque Nous Trouvons Que Le Sujet Est Interne (entre Les Burundais Et Le Burundais).Sinon J’aurais Dit Que Museveni N’a Rien Fait Du Mal Suite Aux Crises Burundais. Et Puis Une Question! Quel Est Le Crise Dont Vous Parlé? Politiqu? Economique? Moral? Alimentaire,…? Soyez Ouvert Dans Le Language Cher Burundais. Toujours KADAFI OBEDI DAVID M’LÙMBA le congolais. Pour Plus De Reponses Sur Ce Sujet Vous Pouvez Alors Me Recontacter Sur Ce Même E-mail