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Les scissions dans les partis et mouvements armés : cela ne date pas d’hier

L’histoire du Burundi a été jalonnée par des dissensions au sein des partis politiques, ceci depuis les années 1960. Ces dissensions n’ont pas épargné les contestataires armés du pouvoir de Bujumbura. Retour sur les scissions qui ont affecté le Palipehutu FNL et le CNDD-FDD.

18 avril 1980. Date de la création du Palipehutu FNL, le tout premier mouvement à contester par les armes le pouvoir du Burundi républicain. À charge contre le pouvoir de Bagaza, « les discriminations ethniques et régionales dont étaient victimes les Burundais », peut-on lire dans la thèse de Denis Banshimiyubusa. La cause trouvera vite des soutiens, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, au grand plaisir de Gahutu  Rémy, son fondateur. Pour matérialiser le combat, des attaques à mettre sur le crédit de ce mouvement, seront menées, non sans affecter le pouvoir de Bujumbura. 

La mort Gahutu Remy en 1990, dans des circonstances jusque-là obscures, poussera Cossan Kabura à prendre le relais. Le mouvement connaîtra des remous et des dissensions internes vont s’inviter en 2001. Cette année-là, des tensions apparaissent au sein du mouvement et Cossan Kabura est destitué. Agathon Rwasa le remplacera et sera accusé de vouloir négocier avec le gouvernement burundais et d’utiliser les FNL pour son enrichissement personnel. 

En 2002, Alain Mugabarabona, le chargé de relations extérieures des FNL de l’époque, crée une faction dissidente qu’il baptise FNL Icanzo. En juillet 2007, lorsque les FNL se retirent des négociations du cessez-le-feu, une autre dissidence, dirigée par Nestor Banzubaze favorable aux négociations, se pointera mais sans succès. 

Le CNDD-FDD n’est pas en reste

Ces dissensions se montreront également au sein du CNDD-FDD. Si Léonard  Nyangoma est au départ le leader incontesté de la rébellion, le mouvement est vite rattrapé par une crise interne.

Comme l’écrit Gervais Rufykiri dans son Echec de la transformation du CNDD- FDD du mouvement rebelle en parti politique au Burundi : une question d’équilibre entre le changement et la continuité, le CNDD a traversé des périodes de turbulences causées par des tensions et de graves crises internes, basées à la fois sur le régionalisme et le disfonctionnement dans la gestion du mouvement.

 A titre illustratif, Leonard Nyangoma sera renversé en mai 1998 par le chef d’état-major général des FDD, Jean Bosco Ndayikengurukiye, entraînant dans sa chute la plupart des figures de l’équipe de direction. Ils formeront une petite aile, le CNDD de Nyangoma. En parallèle, d’autres figures émergent pour diriger le mouvement aux côtés de Jean Bosco Ndayikengurukiye, désormais devenu Commandant en chef et coordonnateur général du mouvement. Nous sommes en 1998.

Cependant, Jean Bosco Ndayikengurukiye ne fera pas long feu. Il se voit évincé à la présidence du mouvement en octobre 2001. Ironie du sort, ce sera sous les mêmes accusations que son prédécesseur. A nouveau, le CNDD-FDD saigne de l’intérieur. Ndayikengurukiye met en place une autre aile qu’il baptise KAZE  FDD. De son côté, Pierre Nkurunziza prend la tête du mouvement, aidé par ceux qui seront ses plus proches collaborateurs, Hussein Radjabu, secrétaire général et Adolphe Nshimirimana promu chef d’état-major.

On le voit donc, même à l’intérieur des groupes rebelles, le climat n’a pas toujours été apaisé, ce qui ne sera pas sans affecter la fin des contestations armées. Rappelons ici que lors de la signature des accords d’Arusha, les principaux mouvements n’étaient pas présents. Seuls étaient présentes les ailes nées des dissensions ci-haut évoquées. Cela a altéré le processus de réconciliations des Burundais.

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Par la fin de votre article, je constate que ces ailes étaient justes car , c’est eux qui optaient pour les négociations.
    Sinon si les dissensions ont existé depuis la forêt, le les burundais ne s’uniront point grâce aux issues de la forêt.