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Pourquoi Rihanna, 16 ans, s’est-elle donné la mort ?

Tragédie à Kanyosha. Une élève nommée Rihanna Baribuka s’est suicidée ce 26 mars 2024. On apprend que ce n’était pas sa première tentative. La deuxième lui aura été fatale. Comment cette jeune fille en est-elle arrivée à commettre l’irréparable ? Cette blogueuse est allée aux nouvelles.  

Un coup de fil de mon amie ! Il est midi, l’heure de passer à table. Elle m’apprend une terrible nouvelle : « Allô, harya ntucandika amakuru ? Ingo urabe umwana yiyahuye, ngo yizizije umuhungu bakundana (Tu as arrêté de travailler dans les médias ? Viens voir une jeune fille qui s’est suicidée pour une histoire d’amour avec un jeune homme, Ndlr). Mon corps tremble, je raccroche et vite, je vais la rejoindre sur le lieu indiqué. Par chance, j’habite le même quartier.

Elle me montre le domicile de la défunte. C’est précisément près du Bar « Kwa Risuba » très connu pour sa spécialité des brochettes ‘zingaro’. Entre le quatrième et Cinquième Avenue, quartier Musama, zone kanyosha de la commune Muha. Un jeune, sur place, qui nous indique : « Elle nous a quittés ce matin, son corps repose au centre de santé Ukwizera. C’est juste à 100 mètres ». Deux fillettes nous conduisent alors vers ce centre de santé.

Ce qui est arrivé à Rihanna

Une réceptionniste nous emmène dans la chambre numéro 1. C’est là que repose le corps de la défunte. Des cris de sa mère nous accueillent. Sa grand-mère et ses proches sont là, l’air hagard. En voyant le corps de la jeune fille allongé sur le lit, je suis tétanisée. Rihanna est partie, il n’y a pas de doute. « Elle nous a quittés très tôt le matin », murmure une maman.

Je retourne discrètement, et vais voir le responsable de ce centre. Quelques minutes plus tard, un infirmier, Richard, me révèle ce qui est arrivé à Rihanna, 16 ans, élève en 6 ème année.

Il raconte : « On l’a amené hier soir, à 19h30. Ils l’ont examiné et ont constaté qu’elle s’est empoisonnée. Après la neutralisation de cet empoisonnement, lorsque les infirmiers l’ont interrogé, elle a confirmé avoir bu un poison, acheté 500 BIF. La raison qu’elle a donnée, c’est qu’elle avait prévu un rendez-vous, mais, malheureusement ses parents ont refusé de lui accorder la permission. Elle a expliqué que ces derniers sont en conflit et qu’elle est toujours victime de leur mésentente ».

Ainsi, Rihanna a passé toute la nuit sans garde-malade. Jusqu’à 8h00, elle était seule dans sa chambre. Quand le responsable du centre lui a rendu visite, elle lui a confié qu’elle avait faim. Le patron a ordonné au planton de lui amener du lait et du chapati. Après un instant, Richard y est également passé pour se rassurer qu’elle allait bien. Hélas, son état s’était empiré. Rihanna était incapable de répondre à l’infirmier. Elle avait 34.9 degré de fièvre. Richard a crié fort pour demander de l’aide, mais malheureusement, Rihanna s’est éteinte dans ses bras à cet instant. Après une enquête menée par la police et les administratifs, le corps de Rihanna a été transporté vers la morgue à 14h00.

Le suicide, un mal qui prend de l’ampleur

Pour Richard, si sa famille avait bien accompagné Rihanna, elle aurait été sauvée. C’était la deuxième fois que la jeune fille tentait de se suicider. La première fois, elle a passé 4 jours dans ce même centre de santé sans que personne ne vienne la récupérer et régler sa facture.

Une étude, menée par le centre Ubuntu en 2019, montre que sur 1080 ménages enquêtés, 252 cas de suicide et 195 cas de tentative ont été identifiés. Selon Frère Emmanuel Ntakarutimana, coordinateur du centre ubuntu cité par le journal Iwacu, « les évènements qu’a traversés le Burundi, à différentes époques, ont laissé des séquelles, non seulement dans le secteur des articulations sociales, de la pauvreté, de l’indigence, de la maladie, mais aussi de la santé mentale, avec toutes les blessures psychologiques, psycho-sociales que cela entraîne ».      

Même si personne n’est à l’abri, les adolescents auraient plus besoin de l’appui et du soutien parental pour leur éviter de succomber à ce mal. En effet, ces derniers se croient adultes, mûrs et responsables alors qu’en réalité, ils sont plus vulnérables et sont exposés à de multiples risques. Souvent, ils n’acceptent pas l’échec et cela peut avoir de conséquences dramatiques. Si Rihanna avait eu un accompagnement adéquat, elle serait sûrement encore parmi nous. Ce qui lui est arrivé ne devrait pas arriver aux autres jeunes. Il en va de l’avenir du pays. 

 

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