L’absence d’études épidémiologiques publiées en ligne est un problème majeur dans notre pays. Dans le domaine médical, ces données nous orientent sur les stratégies de prévention pour améliorer la santé des populations. Malgré tout, nous observons toujours la non centralisation de ces données capitales qui devrait inquiéter nos décideurs.
Un après-midi du mois de février, nous sommes en plein cours dans la faculté de médecine. Le professeur nous introduit un nouveau chapitre sur une pathologie fréquente au Burundi. Le plan du cours, l’introduction, la définition, l’épidémiologie, etc. Sur ce dernier point, le professeur, navré, nous partage des données de la France, faute de publication des études effectuées sur le sol burundais. Pourtant, aucun étudiant n’émet un commentaire. C’est toujours le même refrain depuis nos débuts à l’université.
Une vraie problématique
Le manque de chiffres nationaux sur la prévalence des maladies est une situation préoccupante. À ce propos, notre enseignant explique : « Nous utilisons surtout les données de la France puisque nous sommes dans un pays francophone. Il y a quelques études épidémiologiques que nous retrouvons dans des thèses qui ont été faites dans quelques hôpitaux de référence, mais malheureusement, elles n’ont pas été publiées. »
La jeune étudiante en moi se demande à quoi rime toute une année à accomplir des travaux de recherche pour une thèse qui ne sera pas finalement publiée en ligne. Je me souviens quelques mois plus tôt, quand nous entamions un travail de recherche en classe, nous nous heurtions toujours sur le même problème : le manque de données nationales. Il convient de dire que dans tous les domaines, en l’occurrence la médecine, le manque de chiffres est fort handicapant. Un petit tour sur Google Scholar pour constater qu’il y a très peu de données du Burundi sur la prévalence de plusieurs maladies. Cela représente un frein lors des travaux de recherche dans notre cursus universitaire.
Quelques pistes de réflexion
Pourquoi les études épidémiologiques sont-elles indispensables dans le domaine de la santé ? L’épidémiologie étudie les problèmes de santé d’une population donnée, en cherchant les facteurs qui influencent l’apparition et la distribution des maladies. Certes, les références d’autres pays peuvent également être applicables chez nous. Mais une enquête nationale s’impose pour évaluer l’état de santé d’une population donnée.
Selon Jacques Raimondeau dans l’épreuve de santé publique, l’épidémiologie est déterminante pour la définition des actions destinées à améliorer la santé des populations. En outre, elle s’intéresse à la mesure de l’efficacité des actions de santé menées. D’où l’extrême importance d’organiser, collecter les données crédibles et de qualité afin de les centraliser.
Les pays développés ont accompli des progrès majeurs dans la santé et dans les travaux de recherche en particulier, d’où nous nous référons à leurs études. Par ailleurs, ils ont compris l’intérêt de la recherche au-delà de la médecine moderne. Le Burundi ne manque pas de rapports ou des évaluations au sein des différents programmes, mais ces études ne sont pas ouvertes au grand public. D’autre part, les recherches sont-elles largement financées pour produire des données de qualité ? Le contexte du pays permet-il une bonne émergence des travaux de recherche ? La santé publique, autrement dit la médecine promotionnelle, est-elle autant considérée que la médecine curative ? Autant de questions adressées à nos décideurs qui demeurent sans réponses.