La santé mentale, cet autre pilier dans la construction d’une bonne santé durable et du véritable bien-être, est malheureusement, encore délaissée au profit de la seule santé physique. Cela s’observe encore plus dans les différents hôpitaux de notre pays, surtout chez les patients hospitalisés et nécessitant un soutien psychologique.
Et si on parlait de ces patients à qui on annonce un diagnostic fatal, une mort proche et des jours à vivre comptés. Et si on parlait de cette mère qui subit une césarienne pour l’extraction du fœtus déjà mort, pire encore qui ne peut même pas se rendre à l’enterrement de son enfant parce qu’encore hospitalisée. Et si on parlait de ce jeune dynamique, plein de vie et de rêves qui se retrouvent paraplégique après un accident. Et si on parlait de la santé mentale et du soutien psychologique professionnel de ces patients dans différents hôpitaux du pays.
L’hospitalisation est une expérience redoutée et pénible, qui confronte le patient à la fragilité de son corps. Elle l’est encore à l’annonce d’un diagnostic bouleversant ou d’un pronostic sombre. Un soutien psychologique de la part des proches, du personnel soignant et surtout d’un psychologue expert en la matière, est indispensable. Les psychologues et les psychiatres utilisent différentes techniques pour accompagner les patients et les aider à gérer la douleur tant morale que physique. Ces techniques vont parfois au-delà des compétences du médecin. Ainsi, ce soutien psychologique apporte une aide pour traverser l’épreuve de la maladie et de la souffrance. Malheureusement, la santé mentale reste encore un sujet tabou dans notre pays.
Le mental, c’est sacré
« On est en Afrique, on n’a ni le temps ni le luxe de céder à ces caprices, laissons-les à l’homme blanc. », pensent encore la plupart des gens malheureusement. Selon Irène I., psychologue dans l’un des hôpitaux de référence de la ville de Bujumbura : « La plupart des patients en hospitalisation nécessitent un soutien psychologique professionnel. Malheureusement, ils sont peu à en bénéficier. La plupart des hôpitaux du pays n’ont pas assez de psychologues à leur disposition surtout à l’intérieur du pays, ce qui rend encore plus inaccessible cette prise charge. »
Elle ajoute : « Pire encore même dans les hôpitaux où le psychologue est disponible, la plupart des médecins n’ont pas encore compris son rôle ou l’intérêt d’un soutien psychologique pour le patient. Du coup, nous sommes rarement sollicités par les médecins pour prendre en charge les patients en hospitalisation nécessitant ce soutien. »
Comme illustration, elle nous raconte comment un chirurgien de son hôpital avait amené un patient au bloc opératoire, mais ce dernier, pris de panique, refusa d’être opéré. « Le chirurgien a passé plus d’une demi-heure à tenter de le rassurer et de le convaincre mais en vain jusqu’à ce qu’il m’appelle. Je suis venue et j’ai discuté calmement avec le patient, dix minutes plus tard, l’intervention commençait. Depuis, ce chirurgien envoie chaque patient à opérer pour une consultation chez un psychologue en plus de l’anesthésiste. »
De timides avancées…
Tout n’est pas à déplorer. Des gens commencent à accorder plus d’importance à la santé mentale et à comprendre le rôle d’un psychologue dans un hôpital comme le souligne madame I. Irène.
« Quand j’ai été engagée dans cet hôpital en 2021, j’étais la seule psychologue de l’hôpital. Je m’occupais essentiellement de l’accompagnement psychologique des patients séropositifs. Maintenant, nous sommes à trois et nous sommes de plus en plus sollicités partout dans l’hôpital. Nous recevons en consultation toute sorte de patients en plus des patients séropositifs. Nous espérons que bientôt tous les hôpitaux du pays seront dotés de psychologues pour prendre en charge les patients dans le besoin. »
Bref, se soucier de la santé mentale ne devrait pas être un luxe, mais un droit et une obligation pour tout patient en hospitalisation partout dans notre pays.