Voici le récit du quotidien d’une jeune élève de Bujumbura avant l’incendie du marché central, avant 2015, avant le marasme économique. La blogueuse Dassy Darlene Gacuti nous offre un voyage dans le temps empli de nostalgie.
Burundi, pays du lait et du miel, dit-on. Et c’est bien ce sentiment que j’ai en circulant dans les rues de Bujumbura. Le soleil de midi, une vendeuse de mangues par ci, celle de bananes – j’ai toujours envie d’en voler une, tellement elles sont bonnes- par-là. Ces bus, peints en blanc et bleu avec des mentions bizarroïdes me font toujours rire ; on se demande bien où ils vont trouver des idées pareilles. Mais bon, la créativité burundaise…
À 13h, la sortie d’école et tous ces uniformes qui se mélangent : kaki, bleu-blanc, noir-blanc,… On se presse tous pour prendre nos bus. Avec une amie, on décide de faire un saut au marché central. En passant par les stands de légumes, ceux de la farine, nous zigzaguons jusque chez notre client (notre fournisseur, la créativité burundaise j’ai dit).
Eric, notre client, a toujours des choses à nous proposer. Ma copine Berica essaie quelques robes et finit par se décider. J’en essaie quelques-unes sans aucun sou dans ma poche. Entre temps, ils discutent du prix et tombent d’accord. Bien-sûr après ça, on ne rentre pas directement : on glande dans ce grand marché, il est tellement vaste que je ne retrouve jamais par où je suis entrée. Une heure plus tard, nous nous décidons à rentrer. Vivant dans le même quartier, nous prenons le même bus. Je promets à ma copine de passer la voir la nuit tombée.
Insouciance
À la maison, ils ont l’habitude de me voir toujours rentrer tard après les cours de vendredi. Ils ne semblent pas étonnés de me voir à 17h en uniforme. Je salue tout le monde, me dirige vers ma chambre et me change. Il est 18h pile. C’est l’heure de Sophie et Virginie. J’adore les dessins animés de la RTNB…
Mais, j’avais presque oublié que j’ai promis à Berica de passer la voir. J’attends 20h. Elle habite près de chez moi, en moins de dix minutes je suis déjà chez elle. Je toque à sa porte et les blagues fusent, pendant au moins une heure. 21heures. Il faut rentrer. Les règles burundaises, hein !
Après une longue journée, je pense à la plage, que j’irai sans doute voir le lendemain. Une petite prière et hop au lit.
Une sonnerie de réveil à 6h du matin… Je regarde tout autour. L’amère réalité me revient : je ne suis plus une jeune élève innocente, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, depuis lors. Tout ça, ce n’était qu’un rêve. Un rêve presque parfait, que je souhaite aux enfants nés après 2015 de vivre.