Depuis juillet 2022, la Banque de la République du Burundi s’est montrée très active dans la réglementation des activités des groupements financiers communautaires (GFC). Du cadre légal de ceux-ci à la suspension de leur enregistrement, les mesures prises par la BRB n’ont pas toujours été comprises par tout le monde. À tort ou à raison.
Les groupements financiers communautaires (GFC) ont connu une croissance rapide ces dernières années au Burundi, offrant une alternative aux services financiers traditionnels pour nombre de Burundais. Ils agissent sous forme d’associations informelles de personnes qui se rassemblent pour épargner, investir et prêter de l’argent à des membres de la communauté.
Ces groupements sont souvent créés dans les régions où les services financiers traditionnels ; ceux offerts par les banques, microfinances et structures faîtières, sont rares ou inaccessibles. Les GFC intéressent toutes les catégories de la population, au Burundi. Ils permettent aux membres de la communauté de mettre de l’argent de côté pour des dépenses futures, de financer des projets de petites et moyennes entreprises et de répondre aux besoins financiers immédiats.
Bien que les GFC ne soient pas réglementés de la même manière que les banques et les autres institutions financières, la Banque de la République du Burundi (BRB) a mis en place une série de mesures « pour protéger les intérêts des membres de la communauté. » Entre autres, la reconnaissance des GFC comme une quatrième catégorie d’institutions financières, l’ de ceux-ci auprès de la BRB, la tenue des registres précis des transactions, le établies par la banque centrale, sans oublier la tarification des services rendus par la BRB.
Elles sont nombreuses les mesures sorties par la BRB pour réguler ces structures du système financier informel au Burundi. La situation devient petit à petit alarmante ; le système financier informel franchit insidieusement les limites qui le séparent avec le formel ; ce qui a activé la BRB. À tort ou à raison.
Les vrais enjeux
Les GFC ont joué un rôle important dans l’inclusion financière de nombreuses personnes au Burundi et ont également contribué au développement économique des communautés locales. Selon des témoignages recueillis par Yaga, ils ont offert des services financiers adaptés aux besoins spécifiques des membres de la communauté, ont permis aux membres de la communauté d’économiser et d’investir pour l’avenir, de lancer des entreprises et de se développer économiquement.
Entre-temps, « la BRB déplore que la population reste réticente par rapport à l’utilisation des produits et des services financiers traditionnels. Elle s’inquiète aussi du fait que le taux de possession des comptes bancaires reste encore faible et demande à tout le monde d’inverser la tendance pour booster le niveau de l’inclusion financière » ; pouvons-nous lire dans un article publié sur le site web du journal Burundi Eco.
Le constat est que la plupart des Burundais affluent vers les GFC qu’aux institutions financières traditionnelles. Ce qui forcément doit faire naître un conflit d’intérêt entre les deux systèmes financiers. Les banques et microfinances trouvent dans la multiplication des GFC une concurrence sur la clientèle. Faute de moyens suffisants pour s’offrir le luxe de certains produits bancaires, la plupart des Burundais se tournent vers les GFC plutôt qu’aux banques et microfinances; un jeu de concurrence pure et simple. La BRB n’en a que faire.
Malheureusement, ces derniers ne sont pas sans risques. En raison de leur nature informelle, ils peuvent être vulnérables à la fraude et à la mauvaise gestion des fonds. De plus, les membres de la communauté peuvent être tentés d’emprunter plus que ce qu’ils peuvent rembourser, ce qui peut causer des problèmes financiers à l’individu et au groupe. D’où la raison de l’activisme de la BRB.
Ce n’est pas sorcier
Pour trouver un équilibre entre les avantages et les inconvénients des services financiers traditionnels et des groupements financiers communautaires, il est important de considérer les besoins et les capacités des communautés locales ainsi que les réglementations en vigueur. Mathématiquement parlant, c’est le cas du système à trois équations, dans lequel le seul inconnu est « les besoins et les capacités des communautés ».
Flash-back, mai 2012 à 2013. La une de plusieurs médias fait état d’un conflit qui oppose le syndicat général des commerçants (Sygeco) et les banques., les deux camps sont à couteaux tirés. Le premier accuse son adversaire d’appliquer des taux d’intérêts qui ruinent les clients et de rester passif ou alors d’être complice. Accusations dont la BRB se dédouane évidemment.
Loin de moi l’idée de m’immiscer dans les affaires entre les banques et leurs clients. Si « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » et que « les mêmes causes produisent les mêmes effets », l’action de la BRB risquerait d’être remise en question.
En travaillant ensemble, les institutions financières formelles, les GFC, les régulateurs financiers et les communautés locales, cela faciliterait le développement des solutions financières adaptées aux besoins des communautés locales, contribuant ainsi à la relance économique et à l’inclusion financière souhaitée au Burundi.