article comment count is: 0

GFC : « La BRB doit protéger l’épargne publique »

Récemment, la Banque centrale a suspendu provisoirement l’enregistrement des Groupements financiers communautaires. Gilbert Niyongabo, expert en macro-économie explique pourquoi la prolifération des GFC au Burundi et propose une solution afin d’accompagner la population voulant accéder aux services bancaires.  

Que pensez-vous de la prolifération des GFC au Burundi ?

Deux principaux facteurs peuvent expliquer cet engouement envers le groupement financier communautaire. Premièrement, il y a le problème d’inclusion financière. Dans certaines localités, il n’y a ni banque ni microfinance. Le groupement financier communautaire est le seul moyen qui permet à la communauté rurale d’épargner ou de bénéficier des crédits. Deuxièmement, la plupart des Burundais travaille dans de petites unités de production surtout agricoles. D’ailleurs, les enquêtes des ménages de l’ISTEEBU montrent que beaucoup de personnes sont des actifs occupés. Pour être productif, ils se regroupent et travaillent dans des associations agricoles. A la fin de la saison agricole, ils mettent la récolte dans le grenier communautaire. Après, ils vendent la production et partagent les revenus. Avec le temps, cette association se métamorphose en une petite banque informelle. Elle collecte des cotisations des membres et octroie des prêts.

Que pensez-vous des différentes mesures prises par la BRB à l’endroit des GFC ?

Les mesures de la BRB sont louables parce que le développement du groupement financier communautaire devient inquiétant. D’abord, ces mesures de la BRB viennent assurer la sécurité de l’épargne publique. Lorsque la BRB ne contrôle pas les activités des groupements, il pourrait y avoir le détournement des fonds ou l’abus de confiance.


Pour le moment, un autre système financier informel, GFC s’installe peu à peu à côté des banques et les microfinances, ce qui est dangereux. Cela entrainera deux conséquences. D’un, les GFC concurrencent sans doute les institutions bancaires qui emploient beaucoup de personnes et paient des impôts. De deux, si les GFC s’incrustent, d’ici peu, on se retrouvera dans une situation où les GFC gèrent plus d’argent que les banques et les microfinances. Ce sera du cartel.

Comment appréhendez-vous la balance entre l’offre et la demande pour les services financiers au Burundi ?

Actuellement, une grande partie de la population n’a pas accès aux services financiers. Même les services financiers par téléphonie n’inspirent pas la confiance. Récemment, l’affaire opposant Econet-Leo et le fisc a sérieusement perturbé les activités des personnes utilisant l’argent mobile. Or, dans d’autres pays en voie de développement comme le Kenya, les autorités bancaires ont développé l’argent mobile. Les personnes défavorisées peuvent épargner, solliciter un prêt et le rembourser plus facilement au moyen d’un téléphone portable. Par exemple, les deux sociétés de télécoms offrant des services financiers mobile font tourner à peu près plus de 70 milliards par mois. Dans une année, les transactions par téléphonie mobile s’estiment à plus de 800 milliards BIF. L’argent mobile est l’avenir des gens de petits capitaux. 

Quels mécanismes alternatifs doivent être mis en place pour répondre aux besoins des Burundais en matière de services financiers, au regard des réalités économiques actuelles ?

Pour le moment, beaucoup de personnes recourent aux groupements financiers communautaires afin de faire des économies ou emprunter, il ne faut pas torpiller cette dynamique en les forçant à créer les microfinances. Chose difficile, voire impossible aux agriculteurs qui ont peu d’argent. Plutôt, il faut créer un cadre qui leur permet de continuer tout en contrôlant l’argent en circulation. Par exemple, il faut obliger à chaque groupement de créer un compte électronique sur Lumicash ou Ecocash. Il sera facile à la BRB de contrôle les cotisations et les prêts des groupements financiers communautaires.  

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion