Le gouvernement du Burundi vient d’entamer un recensement ethnique de ses fonctionnaires. Un exercice qui ne rassure pas du tout le blogueur Franck Nziza qui craint que les résultats servent un jour à des fins non avouées.
Si le gouvernement de Bujumbura est connu pour ses positions anti-Arusha, une clause de ces accords lui tient à cœur. Il s’agit du respect des quotas ethniques au sein de l’administration publique. C’est du moins ce qu’on peut lire dans la correspondance que le Ministre de la fonction publique, du travail et de l’emploi a adressé à ses directeurs généraux, directeurs, inspecteurs généraux et chefs de services. En substance, à côté des paramètres habituels comme le nom, prénom, âge, sexe, etc, il est demandé aux fonctionnaires de préciser leurs ethnies sur la fiche d’enquête.
La pomme de discorde
Les accords d’Arusha prévoient un pourcentage de 40% d’employés tutsi et 60% de hutu. C’est dans cette optique que le président du Sénat a commandité une enquête sur « l’état du respect des équilibres exigés par la Constitution au sein de l’administration publique et parapublique, des administrations personnalisées de l’Etat ainsi que les services décentralisés et déconcentrés ».
Alors qu’au sein des forces de défenses nationales, la parité 50-50 a été étudiée à la loupe, visiblement la fonction publique est la prochaine étape.
Un recensement ethnique déguisé ?
De prime abord, il faudrait souligner que cette enquête n’a jusque-là aucun caractère illégal étant donné que les Accords d’Arusha via la Constitution de la république du Burundi ont prévu lesdits quotas.
D’autre part, l’enquête pourrait faire d’une pierre deux coups à savoir le niveau de respect de cette clause relative aux quotas ethniques mais également un recensement ethnique de tous les fonctionnaires. Ce qui serait plutôt dangereux dans le présent contexte.
Cette base de données « nez-dépendante », si elle devrait tomber dans de mauvaises mains un jour, elle pourrait servir de référence indéfectible pour des licenciements ciblés, des mutations tous azimuts ou même de crimes en tout genre.
Et puis la question qui se pose serait de savoir le sort qui sera réservé à l’excédent d’employés dans telle ou telle autre ethnie.
En conclusion, dans l’état actuel des choses, même si l’ethnie d’une personne peut être évidente pour certains, le minimum serait de recueillir ces informations en toute confidentialité, veiller à ce qu’elles soient utilisées uniquement pour des fins déjà décrites par les autorités. Sinon, il est clair que le moment est mal choisi.