Le blogueur Bruce Habarungira, dans un billet paru sur Yaga relativise la stratégie d’augmenter la production des cultures d’exportation et la bonne gestion des activités minières pour contribuer à la situation actuelle des devises. L’on pourrait alors se demander : quelle stratégie à mettre en place ? Analyse.
C’est un désastre annoncé quand on voit déjà les devises qui entrent dans les caisses de l’état. Selon le ministre Audace Niyonzima, le pays a besoin de presque 105 millions de dollars par mois pour assurer tous les besoins. Néanmoins, il fait entrer dans ses caisses seulement 17 millions de dollars. (Ces chiffres font froid dans le dos.)
La première question qu’il faut se poser : quelle manœuvre est mise en place pour combler ces 88 millions de dollars manquants ? La réponse que même un aveugle louperait difficilement est que le pays a fait recours à l’élargissement de l’assiette fiscale. La deuxième question très pertinente : est-ce vraiment la bonne solution ?
Pour certains économistes (avec lesquelles nous avons discuté sur ce sujet), les politiques actuelles seraient en train d’organiser la croissance économique à coup de lois et décrets et cette situation est très inquiétante.
Des politiques oui, mais pour quels résultats ?
L’or et le café représentent les principaux produits d’exportation. Mais, (à titre d’exemple), la production du café ne cesse de diminuer. Pourtant, le gouvernement a mis en place des stratégies et programmes pour développer ce secteur (d’ailleurs même dans le plan National de Développement). Mais, force est de constater que les résultats se font toujours attendre. Idem aussi pour le secteur minier.
Au sujet des raisons, je trouve qu’il y a un manque d’implication de toutes les parties prenantes lors de l’élaboration de ces stratégies. À titre exemplatif, dans le secteur du café, la pièce manquante du puzzle est : les agriculteurs. Imaginez, un caféiculteur qui vend son café à l’usine peut passer plus de deux mois sans percevoir son dû. Idem pour les théiculteurs. Pas étonnant, que la production ne cesse de diminuer.
Une question reste donc posée. Quelle stratégie à mettre en place ? Cessons d’avoir une mémoire courte. Le gouvernement devrait réfléchir sur le modèle agricole que devrait promouvoir notre pays sur le moyen, voire le long terme pour augmenter la production des cultures d’exportation. Et cela nécessite de revoir notre plan national d’investissement agricole (PNIA) et d’en faire une analyse sérieuse et approfondie. Si possible, trouver la possibilité d’être conseillé et accompagné par des experts de renommé internationale.
Ce n’est pas tout….
Le pays à d’autres cartes à jouer, entre autres dans le secteur du tourisme. Le Burundi a de quoi être fier. Beaucoup de sites constituent un fabuleux potentiel touristique. Malheureusement, ce secteur est mal exploité.
Les revenus tirés de ce secteur sont des plus insignifiants, du moins si on les compare à ceux d’autres pays de l’EAC. Tenez en 2017 (c’est un exemple), au Burundi, les revenus tirés du tourisme étaient estimés à 16 millions USD. Chez notre voisin du nord, les chiffres n’étaient pas si médiocres : 350 millions USD. L’Ouganda, bénéficiait de ses sites touristiques bien aménagés, une somme colossale de 800 millions USD. C’est surtout le Kenya qui s’en sortait le mieux avec un montant faramineux d’un milliard USD.
On le voit, certains pays de l’EAC s’en sortent plutôt bien et profitent pleinement du tourisme. Mais sûrement que pour y arriver, des efforts ont été fournis. Et à ce qu’il parait, ces efforts n’ont pas été vains. Et si nos voisins nous inspiraient ?
Et, pour couronner le tout…
Le secteur privé n’est pas en reste. Selon le Professeur Ndikumana Léonce, le secteur privé est au cœur du développement de notre pays. D’ailleurs, le Burundi est en position géographique stratégique en termes d’axe de commerce et d’opportunité d’exportation. Il revient alors aux dirigeants de prendre avantage de cette position pour développer ce secteur.
Mais pour y arriver, il faut un climat des affaires propice et résoudre la question liée à l’insuffisance de l’électricité. À mon avis, le gouvernement a un grand rôle à jouer. Il devrait élaborer une stratégie de mise en œuvre, mettant l’accent sur l’augmentation des investissements. Si possible également, trouver la possibilité d’être conseillé et accompagné par des experts de renommé internationale.