Depuis la publication du rapport des experts de l’ONU sur l’état des lieux des droits humains au Burundi, des membres et sympathisants du parti au pouvoir ont entamé un mouvement de contestation. Le blogueur Spageon Ngabo se demande si une simple manifestation peut contredire une enquête d’experts ?
Le premier jour, c’était un jeune homme, seul, devant un des bureaux des nations unies au Burundi. Son but : « prouver au monde qu’il n’y a pas de génocide contre l’ethnie tutsi ». Mais, qui a dit qu’il y en avait ? En tout cas pas le rapport des experts de l’ONU. Ces derniers ont conclu qu’un danger de génocide se dessine au Burundi, suite à une analyse de la crise actuelle, couplée au passé de ce pays.
Par la suite, une description du parcours de ce manifestant a circulé sur les réseaux sociaux, notamment sur WhatsApp, révélant un jeune aux idées partisanes. Il a néanmoins le mérite d’être le premier porte-parole de toute une ethnie, une première dans l’histoire du pays, en appelant d’autres tutsi à venir manifester à ses côtés.
Dans les journées ayant suivi, d’autres manifestants l’ont rejoint. Des taxis vélo, des sans-emplois, des élèves en vacances, des cadres de l’Etat, des militants du parti au pouvoir. Chacun a ses raisons d’être là, sauf que certains d’entre eux savent à peine lire et écrire pour comprendre ce que contient ledit rapport.
Résultats de la manifestation
Ces manifestants ne veulent pas lâcher. Ils continuent à se donner rendez-vous devant les bureaux de l’office des nations unies sur les droits humains au Burundi. Ils espèrent influencer le cours des choses, notamment la suite à donner au rapport. S’ils pouvaient m’écouter, je leur dirais de ne pas perdre leur temps, du moins s’ils ne reçoivent pas le fameux et controversé per diem à la fin de la journée, comme c’est déjà prouvé par la presse locale. « Time is money » (le temps c’est de l’argent), dit un proverbe anglais.
Enfin, je me dis qu’une enquête d’experts ne peut en aucun cas être contredite par une manifestation. Il faut au moins une autre enquête qui prouve le contraire.
Par contre, si certains de ces manifestants y vont car ils ont besoin de se mettre quelque chose sous la dent, mieux vaut créer des emplois, que de mettre en danger les caisses de l’Etat. Les résolutions et les rapports risquent de tomber encore et encore si la situation sur terrain ne s’améliore pas.