Le gouvernement burundais ne ménage aucun effort pour redorer son blason. S’il peine à consolider les bases d’une bonne gouvernance, sa volonté de normaliser les relations avec ses partenaires est manifeste. Après l’offensive diplomatique que le président Ndayishimiye a entamé depuis un certain temps, place aux acteurs internes qui jusqu’à récemment étaient infréquentable. Les OSC reviennent-elles dans les bonnes grâces du pouvoir de Gitega ? Décorticage.
L’administration d’Evariste Ndayishimiye a lancé la machine politico-diplomatique pour normaliser les relations avec ses partenaires. Aussi bien à l’international qu’à l’intérieur. Récemment, le 14 mars, la rencontre officielle de Gabriel Rufyiri et Faustin Ndikumana représentants respectivement les ONGs OLUCOME et PARCEM avec Gervais Ndirakobuca, le premier ministre burundais, est vue comme un signe fort de volonté de la part de Gitega d’épousseter les relations avec les OSC qui avaient pris un sacré coup avec les évènements de 2015. C’est un signe éloquent de bonne foi parce que ces deux ONGs locales sont actuellement considérées comme les seules voix discordantes d’une société civile interne plutôt complaisante vis-à-vis du pouvoir de Gitega.
Après cette entrevue, Faustin Ndikumana s’est dit confiant. S’exprimant à propos de ses échanges avec le chef du gouvernement, Ndikumana a affirmé que le gouvernement a l’intention de coopérer avec la société civile. Ici, il y a lieu de se demander si Gitega serait prêt à aller jusqu’à accepter le retour d’autres activistes se trouvant à l’extérieur du pays depuis la crise de 2015.
Pression diplomatique ou volonté de tourner la page ?
Les partenaires du Burundi sont exigeants en matière des droits de l’homme et de la bonne gouvernance. « Des défis subsistent encore dans les domaines des droits de l’homme, de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit. De nouveaux progrès seraient bénéfiques pour tous les Burundais », soulignait le Conseil de l’Union Européenne dans son communiqué du 8 février 2022 annonçant la levée des sanctions. Est-ce dans le souci de donner des gages de bonne volonté que le gouvernement de Gitega a décidé de lâcher du leste ? Ou tout simplement s’agit-il d’une politique murement réfléchie pour donner de la substance à une vie démocratique qui s’est, avec le temps, réduite aux élections ? Sans doute que le temps nous le dira.
Les OSC, un chemin vers le développement
La société civile constitue un canal permettant au citoyen de surveiller l’action gouvernementale et à y contribuer. Il s’agit d’un relais entre les citoyens et le gouvernement. En effet, la société civile, à travers ses différentes facettes : ONGs, syndicats, association, etc., impulse un vrai changement en matière de gouvernance et de changement de mentalité. En cas de dérapages, elle n’hésite pas à les dénoncer car elle n’est pas impliquée dans la mise en œuvre de la politique interne. Elle constitue un arbitre libre et en quelques sortes un corps de représentation citoyenne consultative pour les gouvernements.
Si Gitega veut asseoir une bonne gouvernance, il a tout intérêt à mettre tous les atouts de son côté, et partant, de collaborer avec les OSC crédibles. Qu’il s’agisse d’une recommandation des bailleurs ou sur proposition résultant d’une expertise, le gouvernement ne perd rien à inclure tous ses partenaires dans la longue marche vers le développement du pays.