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Lettre au Premier ministre : « Bravo ! »

Ce 14 mars, le Premier ministre a reçu en audience deux représentants des organisations de la société civile burundaise. Un fait qui n’a pas laissé indifférent un blogueur de Yaga. Il a décidé de féliciter cette autorité pour ce geste et d’en demander plus encore, à travers cette lettre. 

L’image était tellement significative qu’elle est restée gravée dans ma mémoire. C’était une journée très chargée pour moi. J’ai juste vu le lien du tweet, partagé dans un groupe par un de mes collègues. Par curiosité, je l’ai ouvert et que vois-je ? : « Le Premier ministre a reçu en audience les présidents des ONGs Parcem et Olucome. Leur appui au BurundiGov dans la bonne gouvernance et le changement des mentalités a dominé leurs échanges. » Je n’en croyais pas mes yeux. 

Tout de suite, les battements de mon cœur se sont accélérés, une joie profonde que j’avais du mal à m’expliquer. Dès ce moment, les photos accompagnant ce tweet n’ont plus arrêté de circuler dans ma tête. Je dois écrire quelque chose, me suis-je résolu, tard la nuit. Mais, quoi ? Un esprit semblait murmurer dans mes oreilles : « Une lettre au premier ministre ». Et m’y voici donc. 

Bravo, Monsieur le Premier ministre

Comme dirait un anglophone, « it was a healing move, that one ». Honnêtement, la dernière information sur la centaine de millions remis à la Banque mondiale pour raison de faible capacité d’absorption m’avait donné un goût amer, un sentiment de désespoir. Avec ce geste, je me suis dit que tout n’est pas perdu, finalement. Je me sens dans l’obligation de féliciter le ministre. 

Il y a moins de cinq ans, ces deux organisations, avec plusieurs autres avaient été suspendues. Parcem et Olucome ont réussi à décrocher une autorisation de rouvrir et, ce ne sera qu’à peu près au bout d’une année qu’elles reprendront leurs activités. Les deux travaillent sur des sujets non des moindres, des questions relatives à la gouvernance. Disons-nous la vérité, évoquer les faits liés à la mauvaise gouvernance était jusque-là perçu comme « ternir l’image de la nation ». Depuis que le Président de la République en personne s’est lancé dans la dénonciation, Olucome et Parcem ont saisi la balle au bond. Est-ce de bon cœur que vous avez accepté de vous asseoir avec ces deux organisations, Monsieur ? C’est un point positif. 

Demain commence aujourd’hui ? 

Flashback, 14 mars 2016. L’Union Européenne décide de suspendre l’appui financier direct au gouvernement du Burundi, selon les dispositions de l’article 96 des accords de Cotonou. Parmi les exigences, le Burundi doit montrer des avancées significatives en matière de respect des éléments essentiels de l’accord que sont les droits de l’Homme, les principes démocratiques et l’Etat de droit. 

Ce 14 mars 2023, nous commémorons sept ans d’une suspension d’aide dont les conséquences n’ont pas tardé à se manifester et dont nous payons le prix fort encore maintenant. – simple coïncidence que cette audience tombe exactement un 14 mars ? –  Bon, bref, à défaut de dissuader le régime de l’époque, ce dernier a plutôt resserré l’étau sur les organisations de la société civile et les ONGs. Une nouvelle loi sur les ONGs étrangères et une sur les ASBL, toutes deux en janvier 2017 sont venues établir de nouvelles règles de jeu pour ces groupes d’acteurs, leur rendant la vie plus difficile qu’avant. 

L’audience d’aujourd’hui serait-ce un signe d’ouverture du régime en place à l’action des organisations non gouvernementales ? Il est sans doute trop tôt pour l’affirmer mais cela a quand-même le mérite de forcer l’espoir, même si les derniers emprisonnements de certaines personnes actives dans ce genre d’organisations envoient des signaux contraires. 

Blague à part, je brûle d’envie de croiser sur mon chemin Gabriel Rufyiri et Faustin Ndikumana pour leur demander : « Vya vrai, mwavuganye iki ? » (Sérieux, de quoi avez-vous parlé ? Ndlr). Cette audience m’aura rendu nostalgique du « Forum national sur le développement », tenu le 14 novembre 2021. Mbe nyene, c’est quand l’évaluation des avancées sur les recommandations ? 

 

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Les commentaires récents (2)

  1. L’espoir ne se force pas, il naîtra d’une dynamique impulsée par de véritables leaders. D’abord, il leur incombe de faire le bon diagnostic lors d’un débat sur les causes primaires qui maintiennent durablement le pays dans les maux que dénoncent Parcem et Olucome. Ensuite, leur capacité de distorsion de la réalité fera advenir demain.

  2. Non moi je doute de cet accueil. Car si Hérode à écouté Jean Baptiste, c’était pas par bienveillance car ce prophète était ennemi farouche des intérêts du roi. Et du coup au Burundi bwaNyaburunga, ce chef du gouvernement, selon moi , c’est pour intriguer nous penseurs afin d’affirmer que les choses ont changé mais hélas. Serpent n’a jamais fait métamorphose. J’en passe🏃🏃