On nous les présente comme étant des ambassadrices de la beauté et de la culture. Dans les pubs annonçant la tenue proche de leurs élections, on les voit tout sourire en se présentant, on nous montre des vidéos d’elles avec des démarches sophistiquées, perchées sur des escarpins. Les organisateurs nous demandent donc d’élire «la fille la plus belle et la plus intelligente du Burundi». Pour ma part, je ne le vois pas ainsi.
Je prends le risque de passer pour un ringard, un contre succès ou tout simplement un sale macho contre le droit des femmes de disposer librement de leurs corps, ce que je ne suis pas, pour autant. Mais mesdemoiselles et mesdames, excusez-moi de penser que toute cette imposture de miss est à mille lieues de promouvoir l’image de la femme, mais plutôt la dépare.
Dans la dernière décennie du siècle dernier, le sociologue Pierre Bourdieu, le pape de la théorie de la violence symbolique disait, par rapport à une de ses œuvres intitulée ‘‘De la domination masculine’’ : «Les filles collaborent inconsciemment, à travers leurs corps, par le fait qu’elles sont du côté du cosmétique, de la beauté, de l’élégance […], par cette spécialisation, elles se produisent elles-mêmes comme des biens symboliques.»
Un «sexysme» ou un sexisme à l’amiable
La femme a des valeurs intrinsèques à son être. Inutile de faire une brochette de noms de ces grandes et valeureuses dames qui ont fait avancer leurs sociétés. Grande est toujours ma stupéfaction quand on nous dévoile les standards requis pour «représenter la gent féminine». Avoir un tel poids, un tel âge, une telle taille et je ne sais quoi toute une tapée de conditions. Il y a un nom pour ça : la chosification de la femme. Et dans un monde largement dominé par les mâles avec une petite dose de voyeurisme, cela ne peut que marcher. Si tu veux le flop de ta vie, organise Mister Burundi et bonjour le fiasco. En revanche, cherche un beau nombre de jeunes femmes obligées d’arborer un sourire aguicheur à chaque objectif de caméra et demande leur de présenter leurs programmes (mensongers ou irréalisables, c’est selon), l’audience sera boostée.
Les miss se retrouvent être en fin de compte des archétypes de la femme vendable et vendue, obligée d’être à tout prix belle, jeune, mince, sexy, qui ressemble à ces sylphides qui sous d’autres cieux se font refaire les seins, le visage, le postérieur bref l’image du fantasme collectif masculin.
Une célèbre humoriste américaine ne l’aurait pas si bien résumé en disant : «Les hommes ont confiance en eux car ils grandissent en s’identifiant à des super-héros. Les femmes ont une mauvaise image d’elles-mêmes car elles grandissent en s’identifiant à Barbie.»