La politique de l’ « École pour tous » pour permettre à tous les enfants du Burundi d’aller à l’école est une initiative très louable. Malheureusement nous n’avons pas le bilan officiel de cette politique. Mais, quoi qu’il en soit, cette politique devrait se poursuivre si nous voulons élever le niveau d’instruction de la population burundaise, condition sine qua non pour le développement du pays.
Il y a deux grands obstacles à cette politique : la pauvreté et la mauvaise qualité de l’enseignement. Les rapports évoquent des abandons scolaires très élevés dans différents coins du pays. L’utilitarisme des enfants des familles pauvres est la première cause d’abandons scolaires. Quand la misère est vécue au quotidien, le plus urgent et important est de manger. Alors les enfants vont parcourir les rues à demander des restes de nourriture dans les familles, ou fouiller dans les décharges publiques. À cela s’ajoute des frais scolaires non-officiels que beaucoup de parents ne peuvent pas toujours payer.
Quant à la mauvaise qualité de l’enseignement, on enregistre un nombre très élevé d’échecs à la fin de l’année. Les responsables scolaires en sont conscients, et pour sauver la face, ils laissent les élèves passer de classe, quel que soit le nombre d’échecs, la lourdeur des échecs ou l’importance des matières. Cela se comprend éventuellement puisqu’il semble que les enseignants ont l’obligation de laisser avancer les élèves, pour ne pas s’exposer aux sanctions qui peuvent aller jusqu’à une mutation ou à la révocation. Je serais heureux de me tromper !
Que faire pour renforcer cette politique ?
Le manque de qualité dans l’enseignement ne sert pas du tout l’ « École pour tous ». Il faudrait au moins que ceux qui vont à l’école reçoivent une formation de qualité, une bonne formation. Qu’à la fin, les lauréats du système disent qu’ils ont vraiment été bien formés. Surtout, que les examinateurs objectifs, les enseignants d’université, les employeurs, le jugent ainsi. Alors, dans ce cas seulement, l’école pour tous aura rimé avec formation de qualité. Et l’objectif de la politique aura été atteint.
La politique de « l’école pour tous » ne devrait pas exclure les pauvres, ou sortir des lauréats avec des lacunes manifestes dans leurs connaissances. Elle doit concerner, et, comme dit la Bible, ramener toutes les brebis, le soir, à l’étable : faire réussir tous les enfants en âge scolaire. Cela exige de bons objectifs de formation, de bons programmes, de bons directeurs et de bons enseignants, de bons examinateurs, bref, un bon système d’enseignement.