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Des larmes lourdes de sens

Le Président de la République a récemment tenu un discours plein d’émotion devant un parterre de magistrats et hauts cadres du pouvoir judiciaire. L’empathie du message du 1er des Burundais a touché la corde sensible de ce blogueur. 

Je mentirais si je disais que je ne suis pas confus après le discours du président de la République empreint d’autant d’émotion qu’il n’a pas pu contenir. Depuis les temps immémoriaux, la bravoure de notre pays est contée et reconnue. Notre bravoure a été au fur des années incarnée par des femmes et des hommes valeureux. Et souvent cela était incarné par le « père de la Nation ». Pour notre peuple et sa tradition multiséculaire, le crédo était : « Amarira y’umugabo atemba aja mu nda »  (L’homme endure tout sans pleurer). 

Je l’avoue, entendre le chef de l’Etat si découragé, au point d’user de l’émotion afin de déclencher l’empathie des juges, cela m’a bouleversé ! Et comme je connais la grandeur de la sagesse qui le caractérise, je suis encore en train de faire cet exercice de réflexion sur son discours empreint de sagesse. Seulement voilà, trois questions me tortillent l’esprit.

L’empathie rime-t-elle avec la rigueur?

Quand, excédés, à bout de force et ne sachant plus à quel saint se vouer, larmes aux yeux, femmes, hommes et vieillards lui font part de leurs lamentations, c’est plein d’espoir qu’ils s’adressent au chef. Se confiant en sa bonne volonté, sa capacité et sa légitimité de prise de décision, on n’hésite pas à dénoncer ceux-là qui nous affligent. Bien que parmi nous, il y en ait encore quelques sceptiques, on garde quand même l’espoir qu’un changement est possible. Mais ce changement doit-il passer par l’empathie et l’émotion ?  Ou c’est la rigueur de la loi qui doit primer ? 

Est-ce son grand cœur qui a parlé ?

Dans mon questionnement, je ne peux m’empêcher de penser à l’attitude de patience qu’a notre chef. Il l’a démontré à plusieurs reprises. Peut-être qu’il fait preuve de clémence en accordant une dernière chance à ceux-là qu’il risque de sanctionner s’ils ne se saisissent pas. Peut-être aussi qu’il laisse pour un temps 99 brebis pour en sauver 1 ou 2 égarés. Qui sait ? 

Le bâton ou la carotte ?

Entendre dire que le Chef Suprême pleure pour moi et mes semblables a suscité une certaine compréhension de son immense responsabilité. Il est vrai c’est le chef mais il reste humain. Et si demain ou après-demain sa bonne volonté et son empathie ne suffisait pas ? Oui, il a les outils et la légitimé pour sévir comme le veulent certains que son émotion semble avoir gênés. Gare à ceux qui n’ont pas compris son message. Aujourd’hui c’est la carotte, peut-être que demain viendra le tour du bâton. 

Mais au fait ne dit-on pas que « Umutware agirwa n’abagabo » (Le soutien des dirigés fait la force du chef) ? Peut-être que sa subtilité vise à maximiser notre soutien et ainsi mettre tous les atouts de son côté afin de relever le défi immense de la bonne gouvernance. 

Soit dit en passant, devrais-je tenir rigueur à un homme qui laisse parler son cœur ?

 

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