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Carnet de voyage : « Kwa Siri », the place to be à Mwaro

Pour vous détendre à Mwaro, que ce soit en amoureux ou en compagnie de vos collègues, familles, etc., il n’y a qu’un endroit : « Kwa Siri ». Connu pour son poulet exquis ‘’bio’’,  la réputation de ce bistrot en pleine nature et en plein air la précède. Comment cette place de la colline Buburu (commune Gisozi), s’est-elle faite une place au soleil dans ce monde mouvant et impitoyable de la gastronomie burundaise ? Un blogueur y a fait un tour.

Je l’avais annoncé dans mon récent carnet de voyage que je m’étais juré de faire un tour Chez Siri avant de quitter Mwaro, ses pommes de terre et ses jolies filles. Seulement, je me suis gouré de jour de visite. Ce n’était pas un week-end et mal m’en a pris, car il n’y a presque rien à voir Chez Siri les jours ouvrables. Ou que si, l’endroit est en pleine nature qu’on a du mal à le quitter après y avoir passé quelques heures. Il fait frais et on respire un air tellement pur qu’on a l’impression d’avoir désintoxiqué ses poumons après un moment. 

Mais avant d’y arriver, au rond-point de Mwaro, j’ai pris la droite, la route qui conduit vers le Commissariat provincial de la police ou l’hôtel Iteka. J’ai atteint Gatare et je me suis enfoncé vers Gisozi. J’ai roulé pendant quelques kilomètres sur une route en terre battue, mais en très bon état. Enfin, j’ai atterri au centre de recherche de l’Isabu de Gisozi. Quelle beauté !! Quelle nature reposante ! J’ai encore une fois tourné vers la droite pour traverser une petite clairière avant d’admirer le paysage féerique de Kwa Siri, juché sur une montagne. 

L’herbe verte, légèrement jaunâtre semble avoir été coupée au rasoir. L’endroit est dégagé et entouré de hauts arbres centenaires dont je ne connais pas le nom. Plus loin, un kiosque métallique de la Brarudi estampillé ‘’Chez Siri’’ trône au milieu. En contre-bas de la petite montagne, quelques maisons entourées par un enclos. C’est là où habite le nommé Siri. C’est là aussi que la magie de son poulet opère. 

Comment est né « Kwa Siri » ?

Il s’appelle Sylvestre  Ndikumana. Siri est en fait le diminutif de son prénom.  C’est de lui qu’est née l’initiative de faire un bon poulet au four. Ce n’est pas en 2000, ni en 2010 qu’il s’est lancé dans ce business, mais bien en 1989 ! Du haut de ses 56 ans, Siri a fait bien du chemin. « Ce n’était pas la grande affluence qu’on connaît maintenant, on a dû galérer. Mais petit à petit, l’oiseau fait son nid », annonce fièrement Siri. Maintenant, les week-ends ‘’Kwa Siri’’, c’est surbooké. Les institutions, les particuliers, les amoureux, tous ceux qui veulent passer un moment de quiétude dans un environnement naturel au tour d’un poulet bio bien cuit et sans graisse s’y bousculent. 

Qu’est-ce qui a contribué à la réputation du poulet de Chez Siri, alors que c’est un endroit reculé ? Ce qui devait être un handicap est devenu un avantage. Il n’y a pas d’électricité et donc pas de frigidaires. On est sûr de manger une viande fraîche de poulet, car on en abat dès qu’il y a une commande. Des problèmes d’approvisionnement ? Pas du tout, car comme il le dit, il ne fait pas tout lui-même. Il confie l’approvisionnement aux fournisseurs qui sillonnent les marchés de Gitega et des provinces frontalières, notamment les marchés de Mugamba, Wimpfizi, Nyabihanga, Rwibaga, etc., avec exigence de fournir du poulet bio. Seule consigne : pas de poulet Mutoyi ou autres volailles élevées intensivement. C’est évidemment peu pour qualifier définitivement ses poulets de bio, mais c’est déjà ça. 

Un boulot gratifiant 

« Depuis 1989, je n’ai exercé aucun autre métier. J’ai 8 enfants. Ils étudient et peuvent avoir tout le nécessaire grâce à ce que je fais. Bien sûr, à côté du poulet que je fais les week-ends surtout, le reste de la semaine, je fais accessoirement de l’agriculture ». Aujourd’hui, ‘’Kwa Siri’’ c’est, au bas mot, 30 poulets vendus chaque week-end. 

Combien faut-il débourser pour déguster un poulet de Siri ? 30 000 Fbu ! Au temple du poulet, on ne fait pas de quart ou de demi-poulet pour la simple raison que quand on en abat un, il n’y a pas de réfrigérateur pour conserver le reste. On le mange donc en entier ou pas du tout. Un homme averti en vaut deux ! Bien à savoir aussi : il n’y a pas de ‘’Burobe’’ ou de pâte de manioc pour accompagner le fameux poulet. Ni même l’inévitable pomme de terre qui s’est faite reine à Mwaro. Seulement la banane verte cuite au four, elle aussi.

 

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Les commentaires récents (4)

  1. Je connais très bien kwa Siri, même avant 1989. Était chercher Isabu, basé au Moso, je devais me rentré régulièrement à Kisozi pour y installer des essais variétale de haricot aussi bien en station qu’en milieu rural. Accompagné de mes collègues Burundais, on faisait le ‘gong unique’ et après le travail on allait prendre une Primus ( chaude naturellement) et un poulet derrière la station climatologique. A l’époque, on n’appellent pas le lieux par le nom du propriétaire Siri, mais mes collègues Burundais me l’ont fait découvrir comme « novotel », référant à cet hôtel qui venait de remplacer le Paguidas à Buja. J’y suis passé maintes fois. Même après avoir quitté l’isabu, comme enseignant à la fac agronomie, j’accompagnerai des étudiants qui préparaient leur travail de fin d’études sur les terrains de la station de Kisozi, et je les faisais découvrir les lieux de Siri. J’ai quitté le Burundi en 1995, en pleine crise de guerre civile, mais par pur bonheur, j ai terminé ma carrière comme diplomate à l ambassade de Belgique entre 2012 et 2014. Par pur curiosité, je suis retourné sur les lieux…et Siri existait encore plus vivant qu’avant. J’ai invité plusieurs de mes collègues de l’ambassade avec leurs conjoints et enfants de faire l excursion de Buja à Kisozi pour visiter la jolie station isabu, créé en 1929 (bientôt 100 ans) et pour y consommer le fameux poulet chez Siri. Dans ma tête ça reste ‘novotel’. La température de la Primus est restée la même, mais avec l’altitude de Kisozi (2100m), ce n’est jamais bouillant.
    Beaucoup de très bons souvenirs. Un endroit très à recommander pour des gens qui aiment la simplicité et surtout aussi un excellent poulet grillé.