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Cibitoke : inquiétude autour des services du centre Mpore

Cette structure hébergée par l’hôpital de Cibitoke est dédiée à la prise en charge des victimes des violences sexuelles basées sur le genre (VSBGs). Depuis que la Banque Mondiale  a retiré l’appui  financier audit centre tout comme ses homologues de Muyinga, Makamba, les bénéficiaires broient du noir.  

Mpore portait pourtant  bien son nom ! Ce centre accueillait les victimes des violences basées sur le sexe  ou sur le genre avec une approche dite holistique. Cela comporte un accompagnement sur trois volets : le médical, le psychologique et le juridique. Cette triple assistance était accompagnée du gîte et du couvert offerts aux victimes les plus vulnérables jusqu’à l’aboutissement du processus.

Louise*, une jeune femme dans la trentaine a été violée par un voisin en 2019. Son mari travaille comme vigile à Bujumbura. Il ne rentre que les week-ends. Pour appuyer le maigre salaire de son conjoint, elle tient un petit bar à Buganda. « Mon mari à Bujumbura, je passais pour une proie facile aux yeux des hommes éméchés par mon vin de bananes », raconte-t-elle, tristement.

Celle qui arrivait toujours à repousser les avances de ses clients les plus éhontés  a eu la malchance de tomber dans les griffes d’un violeur décidé à abuser d’elle. « C’était un dimanche, mon mari était reparti pour le travail. Ce voisin est resté jusqu’à l’heure de la fermeture. Il s’est proposé de me raccompagner. J’ai cru en sa gentillesse. Je l’ai payé cher », se souvient la Louise, amère.

Grâce à l’appui de Mpore, l’auteur du forfait a été poursuivi et la brave dame a pu être suivie par un psychologue. « Cela m’a aidée à surmonter le choc. Avant, je me voyais comme impure et j’avais peur de sortir de la maison », qu’elle témoigne.

« Les victimes ne sauront plus à quel saint se vouer » 

L’histoire de Louise est loin d’être un cas isolé. Il suffit de consulter les statiques relevant les différentes formes de violences basées sur le genre faites aux femmes, le triste lot dont fait partie les VSBGs. Les victimes de « ces réalités qui font froid dans le dos »  sont souvent vulnérables économiquement et ne peuvent pas se payer certains services indispensables à leur reconstruction.

Ce coup de frein arrive au moment où la population de toute la province commençait à connaitre le centre et mieux orienter les victimes grâce à l’appui des agents du centre de développement familial(CDFC) selon  Dr Claude Mugisha, médecin directeur de l’hôpital de Cibitoke. 

Les victimes des abus sexuels seront laissées à leur sort si rien n’est fait. Les financements qui émanaient de la Banque Mondiale ne sauraient être valablement remplacés par les budgets des structures locales. « En cas de viol, il faut d’abord une expertise médicale, payante. Il faudra aussi payer l’avocat alors qu’avant la structure le mettait à la disponibilité des victimes. Maintenant les victimes ne sauront pas à quel saint se vouer », déplore Louise, qui sait ce que valait cette assistance.

Si les groupes vulnérables face aux VSBGs, les femmes et les enfants, ne jouissent plus des avantages de l’approche holistique des traitements de leurs cas, les bourreaux ne seront plus poursuivis comme avant. Les victimes ne sauront plus comment vivre avec leurs séquelles tant physiques que psychiques. 

 

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