article comment count is: 0

Violences conjugales : de la chaleur du foyer à la débauche

Vivre heureux dans une union conjugale est un rêve pour tous. Mais quand vient le temps où le bonheur cède la place à la mésentente, puis à la maltraitance, la vie de couple se transforme en un cauchemar. Battue, désabusée et humiliée, la vie conjugale de Claudine a vite tourné au vinaigre. Voici son récit.

« Story of my life », cette mélodie m’est revenue en tête quand j’ai eu l’idée de retranscrire sur papier cette triste histoire. Ce morceau du groupe de jeunes chanteurs britanniques qui me berçait, il y a de cela huit ans, m’est naturellement revenu en mémoire. Pour parler de sa vie, Claudine en fait, non pas une chanson, mais un fleuve de mots ininterrompu pour mettre un nom sur son malheur. 

C’est lors d’une rencontre fortuite à Kamenge que je vois pour la première fois Claudine. Femme de corpulence robuste, elle a tous les atouts d’une belle femme. Je la salue quand elle se rend au lieu d’aisance d’un bar de Kamenge. Une heure plus tard, elle rejoint le groupe dans lequel je me trouve. Elle prend place à côté de moi et m’adresse un sourire comme si nous étions des amis de longue date, la loi de Bacchus oblige. 

Une vie en rose devenue épineuse 

Comme libérée de ses chaines, elle déroule presque toute sa vie devant moi. A mon grand étonnement, malgré sa beauté à faire pâlir d’envie le plus pieux des prêtres,  je découvre que Claudine cache des cicatrices encore fraiches. Elle rencontre l’amour de sa vie dans un « show ». Lui qui se faisait passer pour un danseur ne tarde pas à flasher sur la petite Claudine, venue pour la fête. « On n’a pas tardé à faire connaissance. Je ne sais pas si c’était un coup de chance, car on habitait le même quartier », se remémore-t-elle. Des textos suivis des sorties et trois mois plus tard, une demande en mariage. Mariée à 22 ans, elle est sur un petit nuage. « J’avais trouvé un homme idéal. Il me montrait un amour inconditionnel pendant les fiançailles. Il me promettait ciel et terre, ce qui m’a fait tomber dans le panneau », poursuit-elle. Et ils se marient, comme dans un conte de fée.  

Les jours ont passé, le bonheur aussi. Son mari commence petit à petit à s’éclipser, devenant pratiquement une denrée rare au foyer. Parfois, il rentre ivre mort et Claudine s’inquiète naturellement pour son « homme ». Sauf qu’en retour, elle récolte des coups de poings et des bastonnades. « Quand il faisait une bêtise la veille, il se rachetait le lendemain arguant qu’il était sous l’emprise de l’alcool ». Mais ça recommence rapidement.  

Toucher le fond

Apres des mois dans cet engrenage de la violence, la pauvre Claudine prend la décision de battre en retraite. Elle, la native de Bubanza n’a d’autres choix que de chercher d’autres moyens pour survivre. Sans un capital, ni aucune source de revenus, elle décide de se rabattre sur ses amies. « Je ne savais pas auparavant d’où elles tiraient leur argent. J’ai passé deux ou trois semaines à jouer à la princesse. Un soir, elles m’ont demandé de les accompagner et c’est comme ça que je me suis retrouvée à  vendre mes charmes », raconte-t-elle.

Parfois, Claudine plonge en coma éthylique et ne sait plus où elle est et comment elle est rentrée. Des fois, on lui paie un taxi. « S’il y avait quelqu’un qui voulait faire la fête, j’allais au bar Ku Mutwenzi. C’est là où se trouvait mon bureau », indique la reine de la nuit avec un sourire charmeur. 

Apres cette vie de foyer brisée, la pauvre jeune femme se trouve donc un travail qui lui sert aussi de refuge : la débauche. Mais jusqu’où la conduira cette vie qui apporte plus de problèmes que de solutions ? Cette question, Claudine se la pose tous les jours.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion