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Santé mentale : la réinsertion, une étape importante vers la guérison

Dans presque tout le pays, c’est devenu une habitude de rencontrer des gens avec un trouble mental. Souvent sans assistance, ils sont laissés à eux-mêmes. Mais, il paraît que certains troubles mentaux sont le résultat du vécu. Dans cette histoire, la société y est donc pour quelque chose. Cette dernière devrait dès lors intervenir dans le processus de guérison des malades mentaux. Le point. 

Ils sont traités de tous les noms. Abasazi (les fous), yaraturubuye (il a perdu la boule), zarakoranyeko(les fusibles ont sauté). Mais on oublie que la plupart d’entre eux sont devenus ce qu’ils sont à cause de ce que le pays a traversé depuis plus de deux décennies. Les conflits que le Burundi a connus ont laissé des traces indélébiles dans le cœur et dans la tête de beaucoup de gens. Celui qui n’a pas perdu un proche a peut-être perdu un ami, ou un être cher. Les diverses périodes de violence ont causé autant de pertes et les gens se sont retrouvés dans des situations de précarités extrême, causant la perte de tout espoir de retrouver une vie normale. Sans assistance psychologique, ils se sont retrouvés livrés à eux-mêmes et certains ont perdu les pédales. 

Traiter un malade mental avec estime et dignité

Des opinions erronées et stigmatisantes selon lesquelles les malades mentaux sont dangereux et violents sont légion. Ceci n’est guère surprenant si l’on tient compte du fait qu’il est fort rare qu’un mois s’écoule sans que les médias ne relatent la triste histoire d’un nouveau crime commis par un présumé malade mental.

« Quand on parle de malade mental, il faut d’abord un traitement psychiatrique. Après le traitement médical, le malade doit retourner dans sa communauté et les gens sont priées de le comprendre et le traiter avec estime », précise Alexis Nibigira, chargé du programme de prise en charge psychosociale au sein de Trauma Healing And Reconciliation Services (THARS).

Conscientiser, sensibiliser mais non stigmatiser 

Les malades mentaux étant des personnes comme nous, c’est à nous de les accompagner. Avec les crises que le pays a traversées, que ce soit du côté des victimes ou des bourreaux, on retrouve des gens avec des traumatismes. Après l’assistance médicale, les accompagnants psycho-sociaux au niveau communautaire peuvent continuer le travail : « Pour que la personne retrouve le goût de la vie, les membres de la société doivent jouer un grand rôle », explique M. Alexis.

Selon toujours cet expert, victime ou présumé bourreau, tous peuvent manifester les mêmes symptômes psychologiques, parce que les gens n’ont pas été créés pour tuer les autres ni pour commettre des délits contre les autres. Avec le sentiment de culpabilité chez le bourreau, il se manifeste souvent un dérangement psychologique dû aux actes qu’il a commis. M. Niragira affirme que, victime ou bourreau, « tous ont besoin d’un accompagnement psychosocial pour être stabilisé, apaisé et pour se sentir citoyen comme les autres ».

Les familles des victimes aussi doivent être assistées et éduquées pour éradiquer l’esprit de vengeance. Il faut aussi comprendre qu’avec l’histoire du passé, les gens peuvent faire du mal à cause des manipulations politiques, identitaires, ethniques. « Si on continue à accuser sans prise en charge et sans compréhension mutuelle, il est difficile d’accéder à une réinsertion communautaire effective », conclut le psychologue.

 

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