Beaucoup de préjugés et d’idées reçues foisonnent au sujet de l’hystérie. Elle est souvent jugée comme étant une maladie de femmes/filles trop sensibles. Mais en réalité, elle ne concerne pas que les dames en manque d’amour. Encore que son traitement est délicat !
L’hystérie, tout le monde semble en savoir quelque chose. Dans les établissements secondaires, il est fréquent d’entendre dire que telle adolescente est « malade d’un garçon tel ». Dans ces circonstances, chacun y va de son petit diagnostic. « On ne lui a rien trouvé comme maladie, elle est hystérique ». Et c’est ainsi que la conscience collective case par ce raccourci une pathologie tellement complexe.
« C’est une pathologie qui résulte d’un conflit intrapsychique », explique Dr Gladys Dushime, médecin. En plus simple, c’est un décalage entre ce que l’individu espère, ses expectations et la réalité. « Si les choses ne vont pas tel que la personne le veut et qu’elle ne peut pas digérer cela, elle va se créer des mécanismes pour y remédier, c’est ça, l’hystérie. »
Ces mécanismes, la personne en est consciente. C’est pour cela que l’hystérie est classée parmi les névroses qui sont des psychopathologies où les sujets sont conscients de leur situation, contrairement aux psychoses où le sujet vit dans son monde à lui, ce qu’on appelle en kirundi « ibisazi vyeruye ».
Le théâtralisme comme mécanisme de compensation
Un hystérique est souvent en grand manque d’affection. La gestion des émotions est la pierre angulaire de ses agissements. « Un enfant qui a grandi dans un environnement où on ne lui affiche pas des signes d’amour peut développer des symptômes comme se laisser tomber à terre parce qu’il pense que dans ces circonstances là, au moins on va lui montrer un peu d’affection », explique Dr Dushime.
Les chutes d’un hystérique sont différentes de celles d’un épileptique par exemple. L’hystérique, c’est comme s’il jouait un rôle, sa chute sera contrôlée pour ne pas être trop violente, contrairement à un sujet atteint d’épilepsie qui ne contrôle rien.
Cela peut mener à des cas plus graves. Pour attirer plus d’attention, l’hystérique peut avoir des tendances suicidaires, ou plus encore, verser dans l’exhibitionnisme. Toujours dans le souci de cristalliser l’attention, le sujet essayera de moins se vêtir, de dévoiler les parties de son corps qui sont susceptibles de faire de lui un objet d’attention.
Quid du traitement ?
L’hystérique peut suivre un traitement. Encore faut-il qu’il aille consulter un professionnel. Pour atténuer les symptômes, on peut lui administrer des médicaments « mais ce traitement ne doit pas dépasser une semaine pour ne pas exposer la personne à toute forme de dépendance », tient à préciser Dr Gladys Dushime. Cela reste de mise pour la prise des somnifères quand le sujet a des troubles du sommeil.
Mais l’approche de l’écoute et la compréhension reste celle qu’il faut privilégier. Traiter les causes profondes plus que les symptômes est la voie royale pour tirer l’hystérique d’affaire.
Il ne faut pas non plus en abuser. Un paradoxe plus étonnant que difficile à gérer peut surgir. Il s’agit du bénéfice secondaire. « C’est vrai, au départ, il ne faut pas juger, il faut essayer de comprendre la cause. Mais quand vous donnez trop d’attention à un patient qui a piqué une crise, cela peut amplifier les crises car la personne va vouloir en profiter dans le but de rechercher l’attention et l’affection », prévient Dr Gladys Dushime.