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Gitega, capitale politique : vraiment ?

Lors du récent sommet des chefs d’États de l’EAC, un ami partageait sur son  statut WhatsApp que la tenue d’une telle rencontre typiquement politique à Bujumbura est la preuve vivante que Gitega est loin de remplir les qualités d’une vraie capitale politique. Bis repetita, Bujumbura s’apprête à accueillir un autre grand sommet et encore une fois, Gitega n’est pas la ville hôte.  Au terme de  trois jours que j’ai récemment passé dans la dite capitale politique, je n’ai pas envie de contredire mon ami. 

Au bout de trois jours de formation à Gitega, avec mes amis, nous décidons de faire une petite balade. L’occasion de nous dégourdir les jambes. Il nous le faut. Nous venons de passer presque une semaine à traîner nos pieds dans un hôtel hôte de la formation.  A 19 heures, nous voilà bien en route. Vêtements de froid bien mis. Il a plu et il  fait froid ce soir-là. La ville s’agrandit. De nouveaux quartiers sortent de terre.  Elle donne envie d’être parcourue. À pieds, pour contempler les beautés de la désormais capitale politique. 

 La soirée promet d’être joviale : « Admirons la beauté  de la capitale politique », lance un collègue. Mais à 100 mètre de l’hôtel, un constat unanime : le noir  caractéristique de plusieurs altères traversées. Je vous vois rétorquer que c’est la même situation à Bujumbura. Vous n’avez  peut-être  pas tort. Mais ici, c’est plus noir et  les bâtisses le long des routes n’ont  pas de clôtures éclairées. Pour une capitale, ce n’est pas « joli joli »

Et ce n’est pas le seul souci. La ville manque cruellement de lieu de détente. Une amie qui est née et a grandi à Gitega parle de ville boring pour signifier qu’il serait difficile de nous trouver un endroit branché à même de nous faire oublier un tout petit peu la dure semaine de travail : « Une ou deux bars branchés et puis plus rien »

Y croire ou pas ?

« Gitega, capitale politique, y croire ou pas ? », se demandait sur Yaga un blogueur. Presque trois ans après,  peu de choses ont changé. S’il est vrai que la chambre haute du parlement a érigé domicile à Gitega,  dans les faits, Bujumbura reste la capitale économique et politique. Le centre du pouvoir n’a pas bougé des bords du lac Tanganyika. De la présidence à la primature en passant par les ministères régaliens, le constat est que l’effectivité de Gitega comme capitale politique à proprement parler n’est pas pour demain. La rénovation du  palais de Gitega ne devrait pas y changer grand-chose. La significative Ntare Rushatsi House n’est pas prête de se voir désertée. De même, l’actuel projet de construction de l’hémicycle du parlement à Gitega ne risque pas de changer la donne. 

Était-elle donc précipitée la décision de faire de Gitega la capitale politique ? Etait-ce pour faire comme les autres ou pour satisfaire d’autres agendas comme le pense une certaine opinion ?  Y aurait-il un plan pour en faire une vraie capitale politique ?

Le fait est que 5 ans après, Gitega peine à prendre ses marques. À se doter d’infrastructures à même de rivaliser avec d’autres capitales. Les seules dimensions infrastructures administratives, hôtelières et de locomotion sont là pour nous le prouver. Elles sont loin d’être suffisantes et adéquates (les premières et les secondes) et presque inexistantes (les troisièmes).  Dès lors, se poser en capitale, de surcroît politique, relève d’un espoir voire une utopie. 

Autant donc dire que Gitega a du chemin à faire pour se mettre au même diapason que les autres. Ou pour reprendre la place que Bujumbura continue de lui piquer si l’on ne prend qu’en compte la seule dimension d’accueil, les rencontres internationales typiquement politique et géopolitique.

Je vous vois aussi répliquer : « Est-ce que la dénommée “capitale économique”  remplit-elle toutes les conditions ? Je n’oserais pas vous contredire, certes…mais  la question mérite d’être posée. 

 

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