Le café et le thé demeurent les deux principales cultures d’exportation qui rapportent le plus de devises au Burundi. Pourtant, il en existe d’autres qui pourraient aussi contribuer à renflouer les caisses de l’Etats. Mais, d’après les dires des experts, il y aurait des préalables.
« L’huile de palme du Burundi ? Nous n’en consommons presque plus depuis la fermeture de la frontière burundo-rwandaise», confie Aline Mukagatare de Kigali jointe au téléphone. Elle déplore aussi le fait qu’elle ne cuisine plus « Isombe », un plat qui se prépare justement avec cette huile. Voilà par exemple un marché extérieur d’écoulement d’un des nos produits agricoles, une opportunité qui n’est pas amplement exploitée.
Selon les données du plan national d’investissement agricole, la filière de l’huile de palme au Burundi, si elle était bien exploitée, pourrait rapporter 25 millions USD et ainsi contribuer à hauteur de 2,7 % au produit intérieur brut du pays. Une aubaine que le Burundi ne compte pas laisser filer. « Des études édapho-climatiques ont révélé que le palmier à huile pouvait pousser dans certaines communes autres que celles de l’Imbo. Bientôt, 10 sur les 18 provinces du Burundi disposeront des plantations de palmiers à huile », confie Augustin Kabaragasa de l’Office Burundais de l’huile.
Pas que l’huile de palme…
À côté des palmeraies, la culture de patchouli est en train d’être vulgarisée dans les communes Rugombo, Mabayi, Mugwi, Rumonge, et Nyanza-lac. « Le choix du patchouli a été dicté par le marché extérieur », confie Chadrick Habonimana de l’entreprise RugoFarm qui possède déjà une unité de distillation pour extraire l’huile de patchouli utilisée dans beaucoup de produits cosmétiques.
Même cas avec les Ignames. Le Nigeria est le plus grand producteur d’ignames au monde. Il les exporte en Europe et aux Etats-Unis. L’institut des sciences agronomiques du Burundi a pris les devants pour réhabiliter cette culture. Des essais ont été réalisés dans trois communes, à savoir Cendajuru (Cankuzo), Kinyinya et Gisuru (Ruyigi).
Le gouvernement mise aussi sur l’anacardier. De la plaine de l’Imbo à Kirundo et Ngozi, en passant par Muyinga, Muramvya, Rutana et Gitega, la course pour la plantation d’anacardier a commencé. En Tanzanie, rien qu’en 2019, la production de 265 000 tonnes de noix de cajou de l’anacardier représentait entre 10 et 15 % des recettes en devises de la Tanzanie.
Même le pommier est aujourd’hui en cours d’expérimentation. L’aventure des pommes de Muyinga infirme l’hypothèse selon laquelle le climat burundais ne se prêterait pas à la culture locale des pommiers.
Des préalables…
Pour l’ingénieur agronome Lionel Jospin Mugisha, cette politique de diversification des cultures d’exportation permettra au Burundi de soutenir une croissance accélérée et de réduire l’instabilité budgétaire en renflouant les caisses de l’Etat en devises. Pour y arriver, il faudra un relèvement du niveau de la recherche scientifique des variétés favorables au climat burundais. En plus de cela, il faudra inciter les hommes d’affaires et les banques à investir dans l’agriculture. Il faudra aussi développer la lutte phytosanitaire, encadrer les agriculteurs et surtout songer à mettre en place des usines de transformation des produits locaux. A bon entendeur…