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Fonctionnaires fictifs, un vol organisé ?

Fin mars, le ministère de la Fonction publique a suspendu temporairement les salaires de 432 fonctionnaires suspectés fantômes. Pourtant, depuis 2013, le Burundi utilise un logiciel savant pour débusquer les fonctionnaires fictifs. Qui seraient leurs complices ? Le système électronique de suivi serait-il en panne? Analyse

C’est une saignée invisible mais éprouvante pour le Trésor public. La rémunération de plusieurs fonctionnaires transite sur un seul compte.  Le ministre de la fonction publique, Déo Rusengwamihigo a déclaré avoir pris le courage de suspendre temporairement le salaire de 423 fonctionnaires. « Nous suspectons des fonctionnaires fictifs payés régulièrement sans travailler. Et ceci pendant plusieurs années.»

Des fonctionnaires fictifs encore et toujours

Pour continuer à percevoir leur rémunération, les suspects-fonctionnaires fictifs doivent se présenter à la direction générale de la fonction publique munis des documents qui attestent qu’ils sont réellement au travail et qu’ils sont les titulaires des comptes.

J’en mettrais ma main à couper : ces fonctionnaires fictifs ne sont pas si fictifs que cela ! Ils ne sont pas partis. Des centaines de personnes perçoivent le double de leur salaire et d’autres avantages non conformes à leurs emplois, sans compter les morts, les retraités et les personnes en indisponibilité ou en abandon de poste qui continuent d’être rémunérées indûment…cela alors que l’Etat dispose d’un logiciel pour les traquer.

Ce détournement ne serait ni un cas isolé ni un nouveau scandale. Le pire dans cette affaire, c’est que ce n’est pas nouveau. Faisons un saut dans le passé récent. L’année dernière, ministre de la fonction publique a mis la main sur 750 fonctionnaires fantômes. En 2018, le pays a décaissé plus 500 millions de Fbu pour rémunérer des fonctionnaires fictifs.  En somme, des personnes sont payées à ne rien faire. Un vol organisé. 

Pour un pays pauvre et endetté comme le nôtre, la pilule est très difficile à avaler parce qu’elle est très amère. Plusieurs centaines de personnes qui ne travaillent pas mais qui pourtant émargent au denier de l’État. 

Chaque mois, une manne de centaines de millions atterrit dans les poches de quelques individus malhonnêtes dans l’ombre de l’administration. Aussi, le compte n’est pas bon car parmi ces fantômes, certains pourraient percevoir un salaire de plus de 200 mille BIF. D’ailleurs, il faudra savoir pendant combien d’années cette somme effarante a été indûment versée. 

Qui serait complice ?

Une chose est sûre, cette grosse magouille ne peut se faire sans la complicité des gestionnaires du personnel et des finances. Il va falloir, si ce n’est déjà fait, procéder à une enquête sérieuse pour débusquer les fraudeurs. D’ailleurs, le ministre de la Fonction publique qui a livré cette information, aurait dû préciser les catégories de fonctionnaires concernés. Il faudrait ensuite que les contribuables sachent depuis quand ce détournement a commencé.  

Néanmoins, c’est une très bonne nouvelle. Savoir que l’Etat est capable de payer 432 fonctionnaires fictifs, et ceci pendant plusieurs années…Cette somme d’argent détournée pourrait largement donner du travail à des milliers de jeunes vivant dans la hantise des lendemains incertains. 

Le système électronique de suivi serait-il en panne ?

En 2013, le gouvernement a annoncé la mise en place d’un centre de gestion de paie des fonctionnaires afin de résoudre le problème des fonctionnaires fictifs. Avec l’appui de la banque mondiale, le ministre comptait utiliser un logiciel savant open PRH. Le dit logiciel aurait permis la gestion transparente de paie et des carrières des fonctionnaires et agents. Mais alors, pourquoi les caisses de l’Etat continuent-elles à saigner malgré ce logiciel ? Où est le problème ?

Pour rappel, jusqu’en 2009, ce phénomène de fonctionnaires fictifs aurait entrainé une perte estimée à un million de dollars américains. 

 

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Les commentaires récents (7)

      1. Laissez ce journaliste tranquille, il fait son mieux. Peut-être que vous n’etez pas burundais ou vous ne savez pas les conditions requises pour bien mener une investigation. Au Burundi, les journalistes ne font pas d’investigation.

  1. Ce genre de problème se présente souvent et non seulement au Burundi ! Heureusement qu’il est trouvé mais malheureusement qu’il est trouvé un peu tardivement ! Si c’est pas fait par exprès, Il faudra reconstruire le logiciel en question avec une technologie moderne et spéciale car une telle perte « pour un un pays pauvre et endetté comme le nôtre! » est un grand et lourd problème surtout économique !