Les évènements de ce 7 septembre 2022 à Bujumbura sont dignes d’un film holywoodien. D’ailleurs, tout s’est passé entre 9 heures et 16 heures, et ils étaient retransmis en direct sur la page Facebook de l’Assemblée Nationale. Ce blogueur de Yaga compare la scène à un syndrome d’hypertension intracrânienne. C’est mieux pour faire comprendre cela à un médecin.
Nous étions tous en ligne…enfin, presque tous. Personne ne voulait louper aucun détail. « Va-t-il se laisser faire ? Comment est, pour le moment, la sécurité dans les routes de Bujumbura ? Il faudra rentrer tôt, ce soir ». Voilà en résumé le gros des discussions qui ont marqué les groupes Whatsapp, durant cette journée.
De l’autre côté, je connais des habitants de Bujumbura qui n’ont rien compris du tout. Les étudiants en médecine et les médecins, par exemple. Techniquement parlant, ceux-là étaient trop occupés à préparer le bloc opératoire et les services des urgences pour les éventuels blessés, au cas où la situation venait à dégénérer. Mais comme je suis aimable, redevable envers d’eux, je voudrais leur expliquer ce qui s’est passé, et dans une langue qu’ils comprennent bien.
C’est l’histoire d’un syndrome d’hypertension intracrânienne…
Je vous assure, chers collègues médecins, tous les signes étaient réunis ! A commencer par les maux de tête rebelles et à toutes sortes d’antalgiques, suivis des troubles visuels en passant par des vomissements en jet… c’était la totale. Le diagnostic était on ne peut plus clair. Pas besoin d’IRM ou de Scanographie.
A tous les profanes du domaine médical, nous appelons hypertension intracrânienne, une élévation exagérée de la force de propulsion du sang dans les vaisseaux se trouvant à l’intérieur du crâne. Quand cela vous arrive, il y a un groupe de signes qui apparaissent. C’est cela que nous désignons par le vocable syndrome.
L’un après l’autre, les signes se sont installés
D’abord, les maux de tête se sont installés peu de temps après le 24 juin 2020. Ce jour-là, le premier ministre actuellement déchu venait d’entrer en fonction. Malheureusement pour lui, bien que la constitution lui confère tous les pouvoirs et responsabilités sur l’exécutif, la réalité a été tout autre. Le minimum, je nomme la direction des réunions en conseil des ministres, était difficile à assumer. C’était tel l’ombre de ses rêves. Les antalgiques, même les plus forts comme la constitution du pays, n’ont pas été efficaces pour sa rédemption.
Ensuite, sont apparus les troubles visuels. Tout récemment, tout le monde l’a vu, vécu : la pénurie du carburant, du sucre, du ciment, la flambée des prix au marché et bien d’autres marqueurs. Tout le monde, sauf…Tout n’était que des manifestations de cette élévation de la tension à l’intérieur de la tête étatique. Par ailleurs, tous ces marqueurs sont encore vifs sur le marché. Mais pire, ces signes s’étaient aggravés ces derniers jours par des propos incohérents. Par exemple un jour, l’hémisphère cérébral dominant a exigé que le carburant soit disponible dans un mois, et le moins dominant a plutôt suggéré une tolérance à la douleur, arguant qu’elle n’est pas prête de céder.
Enfin, il y a eu les vomissements en jet. Il faudrait un slow motion pour re-visionner le scénario de l’éjection… Voilà le signe spécifique d’une hypertension artérielle intracrânienne.
Le début de la fin?
Je n’y crois pas. En cas d’hypertension intracrânienne, les vomissements en jet ne sont pas un signe de guérison, mais plutôt de gravité. Il faut plutôt trouver la cause et la traiter. Sauf que parfois, ça peut exiger une intervention chirurgicale compliquée.
Mes chers concitoyens, à votre avis, le nouveau premier ministre va-t-il fonctionner comme un vrai, cette fois-ci? Et le Président, il va faire quoi ? Moi non plus, je n’en sais rien.
Voilà chers médecins, vous savez tout, maintenant. Bon retour au bloc !