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L’emploi des jeunes au cœur du développement industriel

A la veille d’un sommet de l’Union Africaine sur l’industrialisation et la diversification économique, les attentes sont nombreuses sur un continent qui est censé créer 15 millions de nouveaux emplois décents chaque année. De plus en plus de voix plaident pour des “actions politiques urgentes et audacieuses afin d’exploiter le potentiel des jeunes pour construire une Afrique meilleure et prospère”. Quid du Burundi?

Les start-ups burundaises, à l’instar de leurs homologues dans plusieurs pays africains, n’arrivent pas à s’imposer comme de véritables industries faute d’un environnement des affaires favorable.

D’après une récente étude de la Banque Mondiale, le secteur privé se heurte à des défis conjoncturels et structurels. Cette étude évoque notamment la faiblesse des institutions, la corruption, l’application discrétionnaire des lois et règlements et les services publics défaillants. De plus, l’absence de règles du jeu équitables dans les marchés publics, la concurrence déloyale entravent la productivité et la croissance du secteur privé.

Mais ce n’est pas tout. Une campagne en cours sur le continent africain appelle les décideurs à la mise en œuvre de certaines actions prioritaires, primordiales pour “stimuler la prospérité économique et la création d’emplois grâce à l’industrialisation”.

Des politiques à l’échelle des enjeux

A l’échelle nationale, une kyrielle de politiques et d’initiatives est déjà en place pour encourager la création des coopératives et l’autopromotion. 

La Politique Nationale de l’Emploi du Burundi place les jeunes au centre de ses interventions. “Les jeunes constituent un réservoir plus important en matière de capital humain et un potentiel immense en termes de compétences par rapport aux besoins de l’économie nationale”, lit-on sur le site du ministère de la fonction publique.

A cet effet, des facilités de financement ont été créées notamment à travers la banque des jeunes, le PAEEJ pour ne citer que ceux-là. Malgré ces bonnes initiatives, il est reste du pain sur la planche. La politique agricole fait objet de critique avec la pénurie récurrente des fertilisants, le manque des infrastructures de stockage et de transformation. Le financement des coopératives collinaires présente des résultats mitigés

Le pays devrait s’investir dans la mise en œuvre des politiques industrielles nationales qui stimulent les investissements dans des secteurs qui sont à la fois compétitifs et à forte intensité de main-d’œuvre. En plus des exonérations, “les politiques nationales devraient prévoir des incitations fiscales bien ciblées susceptibles d’attirer les investisseurs et de stimuler la création d’emplois”.

La Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) présente des opportunités pour l’industrie locale mais le pays doit investir davantage dans les infrastructures de transport au risque de devenir un marché d’écoulement ou un centre de transit de marchandises.  « Le gouvernement se prépare pour que les entreprises burundaises puissent exporter leurs produits », rassure la ministre en charge de l’Industrie Marie Chantal Nijimbre. Elle fait allusion aux projets de construction du chemin de fer, la réfection des routes, la modernisation du port de Bujumbura et la réhabilitation des infrastructures de l’aéroport en vue.

Un climat des affaires sain

L’industrie locale est peu diversifiée et moins compétitive.  L’accroissement exponentiel de la dette publique éjecte des opérateurs privés qui ont du mal à lever des fonds pour financer leurs besoins. De plus, la pénurie récurrente des devises, l’inflation non maitrisée, la dépréciation monétaire fragilisent l’industrie locale. Sans oublier les difficultés des industriels à s’approvisionner en équipements, en matières premières. Pour ce faire, les industries n’arrivent pas à dégager un surplus d’exportation. 

 A l’heure actuelle, 90% des entreprises burundaises sont des micro-entreprises qui peinent à se frayer un chemin dans un pays où la liberté économique demeure un challenge. Dans ces conditions la pression fiscale plombe l’activité des start-ups.

Dans un contexte d’intégration régionale, la circulation des biens et des personés doit être garantie. En ce sens, les pays africains y compris le Burundi peuvent commencer par adopter le protocole de l’Union Africaine sur la libre circulation des personnes.

Plus de routes et d’énergie propre

 « Une mauvaise qualité des infrastructures exacerbe les coûts de production et réduit les rendements. De surcroît, cela décourage les investissements tant nationaux qu’étrangers et freine la croissance économique du pays », apprend-on de l’étude diagnostique du secteur privé. A cela s’ajoute le manque criant des infrastructures pour assurer le transport de certains produits spécifiques. 

L’expansion des réseaux routiers et d’autres voies de transport multimodal permettra la connectivité du pays autres aux zones rurales et à l’arrière-pays régional.

Sur le plan énergétique, le gouvernement mise sur l’hydroélectricité et l’énergie photovoltaïque. Trois chantiers de barrages sont en cours de construction pour doubler l’offre électrique. Néanmoins, pour accélérer l’électrification rurale le pays doit mobiliser des investissements conséquents en faveur des énergies renouvelles a des coûts fiables et abordables. La Banque Mondiale a déjà mis 100 millions de dollars dans le paquet pour installer des plaques photovoltaïques dans plus de 500  écoles du pays. Autant dire que l’on est encore loin du compte.

Une place de choix pour l’économie numérique

A l’ère du numérique, la connectivité du pays est indispensable pour faciliter les échanges commerciaux et la télécommunication. Or, le taux de pénétration de l’internet reste faible de l’ordre de 14% en janvier 2022. Concernant les infrastructures numériques, le pays se dote d’une fibre optique sur une dorsale de qui relient toutes les provinces du pays. L’écart entre le milieu urbain et les zones rurales est assez important. Les opérateurs se concentrent beaucoup plus dans les centres urbains, notamment en Mairie de Bujumbura et dans les chefs-lieux des provinces où le pouvoir d’achat est élevé.  Pour ce faire, le pays doit s’investir dans les projets visant à réduire la fracture numérique. Sinon, le vœu d’atteindre une couverture de 90 % à l’horizon 2030 sera une utopie. 

 

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