Les explications de la Regideso sur les incessantes coupures de courant, ne convainquent plus personne. Comment expliquer cette situation dans un pays qui est, selon le Directeur Général de la Regideso, « à un stade de révolution énergétique grâce à la construction des barrages hydroélectriques » ? Analyse.
Retournons en 2017 pour comprendre. A l’époque, le ministre de l’Énergie et Mines, Côme Manirakiza annonce la fin du système de délestage, grâce à un contrat signé avec la société Interpetrol pour construire une centrale thermique.
En 2023, lors de la clôture du 15ème Conseil des ministres en charge de l’énergie, des trois pays partageant le barrage de Rusumo falls, le ministre de l’Énergie et Mines, Ibrahim Uwizeye a annoncé qu’à partir du mois de décembre 2023, le barrage sera opérationnel. Ici, une question reste posée : à quand la finalisation du raccordement du barrage Rusumo falls ?
En 2024, le Directeur Général de la Regideso a rassuré les Burundais que cette institution était à l’œuvre pour apporter une solution durable à cette question. Selon lui, le Burundi se trouve à un stade de révolution énergétique grâce à la construction des barrages hydroélectriques. Pourtant…
L’électricité, toujours un luxe
Chaque matin vers 7 heures, le courant est coupé dans beaucoup de quartiers de Bujumbura, pour être remis à 10 h. Une ou deux heures après, selon le bon vouloir des techniciens de la Regideso, le courant repart ou revient : « Pendant la journée, on peut subir jusqu’à quatre coupures d’électricité, ce qui rend difficiles nos activités », raconte Saïdi, un coiffeur rencontré à Kamenge. Et il n’est pas le seul à se plaindre. Partout à Bujumbura, la phrase la plus commune à tous les habitants est : « Il n’y a pas de courant… »
Mais alors, si la construction de la centrale hydroélectrique de Rusumo falls et la centrale électrique de Ruzibazi est terminée, comment expliquer que la Regideso a autant de difficultés à alimenter convenablement la population en électricité ?
Les plans nationaux de développement, sont-ils réalisables ?
La réalisation des plans nationaux de développement, notamment le Plan National de Développement 2018-2027, soulève des interrogations quant à leur faisabilité. Pour la vision Burundi pays émergent en 2040 et Pays Développé en 2060, je reste dubitative.
Actuellement, le Plan national est à mi-parcours de sa réalisation. Parmi les piliers de ce plan, il y a l’accroissement de la production énergétique pour créer un environnement favorable à l’industrialisation. Or, selon les chiffres, la production actuelle d’électricité oscille autour de 100 MW, au moment où ce plan prévoit au moins 400 MW pour son industrialisation et 412 MW pour le secteur des mines en 2027. Il est crucial de souligner cette disparité. Le PND ne serait-il pas utopique ?
Sortir le Burundi de cette situation devient dès lors un véritable challenge. Selon les chiffres de la Banque Mondiale, le Burundi a connu des crises profondes d’approvisionnement en électricité depuis 2009. Alors, si l’on constate que ce pays bénéficie de toutes les conditions requises pour pallier son déficit énergétique, il devient dès lors impératif de se poser la question suivante : où est-ce que ça coince ?