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Elections kenyanes : quels seront les grands chantiers du Président élu ?

Sans aucune surprise, Cour suprême kenyane vient de valider la victoire de William Ruto à l’élection présidentielle. Une fois validée, que ce qui attend le nouveau président ? Décryptage.

L’emploi et la bonne gouvernance sont les deux principaux chantiers sur lesquels les Kenyans attendent le Président élu William Ruto, selon Armel Gilbert Bukeyeneza, journaliste-écrivain burundais basé au Kenya. Il rappelle que la création de l’emploi a été le sujet central de toute la campagne présidentielle. Au niveau de la bonne gouvernance, William Ruto aura également du pain sur la planche. Malgré sa position de première puissance économique de l’Afrique de l’Est, avec un PIB de près de 100 milliards de dollars (le double de la RDC selon les données de 2020), le Kenya reste gangréné par une corruption endémique couplée de détournements de fonds incroyables. « L’année dernière le Président de la République sortant révélait que plus de 2 milliards de shillings Kenyans sont volés dans les caisses de l’Etat chaque jour. A l’époque c’était autour de 20 millions de dollars. », fait savoir Bukeyeneza. 

Sur ce point, l’opinion est sceptique sur la capacité de William Ruto et son gouvernement à combattre la corruption et les détournements. « Rigathi Gachagua, son colistier, traine déjà des casseroles derrière lui. Il a des dossiers en rapport avec la corruption et les détournements encore en Justice. », indique-t- il.

La victoire de William Ruto, une surprise ?

Oui et non. D’une part oui car, estime M. Bukeyeneza, il est rare de voir un candidat soutenu par le pouvoir perdre les élections en Afrique. « En choisissant Martha Karua comme colistière, la popularité de Raila Odinga est montée en flèches. La possibilité d’avoir pour la première fois de son histoire une femme comme vice-présidente créait une certaine euphorie», ajoute-t-il

D’autre part non car le leader de la coalition Kenya Kwanza semblait avoir eu une avance sur terrain par rapport à son rival d’Azimio. Marginalisée suite au fameux « hand shake » qui a scellé la réconciliation entre Uhuru Kenyatta et Raila Odinga en 2018, William Ruto est devenu le nouveau visage de l’opposition. « Le deal de départ était qu’Uhuru Kenyatta soutienne son vice-présidentaprès ses deux mandats, mais par après une nouvelle alliance entre Uhuru Kenyatta et Raila Odinga a vu le jour. William Ruto s’est retrouvé un peu seul, et a commencé à préparer 2022. On peut dire qu’il a passé ce dernier mandat à ne faire que sa campagne. De toutes les façons, il n’avait pas beaucoup à faire au bureau parce qu’Uhuru Kenyatta ne comptait plus sur lui ». 

Ainsi, en vendant son parcours de « hustler », l’homme parti de rien pour atteindre les sommets, William Ruto a su s’attirer la sympathie des Kenyans. Il s’est présenté comme un candidat anti « establishment ». Un homme de la rupture contre les deux « dynasties » Uhuru Kenyatta et Raila Odinga respectivement fils du premier président du Kenya Jomo Kenyatta et d’Oginga Odinga son vice-président.  

Par le passé la dimension ethnique a toujours prévalu lors des échéances électorales. Cette fois-ci, il semble que l’absence d’un candidat de l’ethnie majoritaire kikuyu ait un peu dilué cette donne. « Toutefois, il apparaît très clair que les deux candidats n’avaient pas d’autres options que de choisir des « running- mates » Kikuyu pour amasser le plus de voix possibles dans ladite ethnie. Le calcul étant que « celui qui a le plus de voix chez les Kikuyu a plus de chances de gagner », affirme le journaliste.

 

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