Avec humour et un peu d’ironie, le blogueur Yanick Ndayisaba revient sur les conséquences néfastes des récentes réformes éducatives au Burundi.
Le certificat vient de détrôner le diplôme comme document sanctionnant la fin des humanités générales. Chez nous au Burundi, d’habitude on aime le changement. Mais, sur ce coup, le « tout nouveau tout beau » semble ne pas marcher. Cette réforme soulève de si nombreuses incertitudes qu’on se demande bien ce qu’elle apporte de nouveau, si ce n’est plus de questions que de réponses.
Coup de projecteur sur les réformes antérieures
La première de ces réformes concerne l’introduction de l’anglais et du swahili dans le système éducatif des écoles primaires, une donnée accueillie avec émerveillement. Avant de dire que cette réforme était hâtive ou mal taillée, tenez, observez, et jugez de vous-mêmes, on était convaincu que celle-ci allait ouvrir la porte de la galerie aux trésors (La Communauté Est Africaine) à nos petits frères et sœurs. Peu après, il nous a fallu payer des interprètes pour pouvoir échanger avec nos écoliers: on les saluait en anglais et ils répondaient dans un amalgame de langues, un charabia, qu’aucun cryptologue ne saurait décoder. Cela, n’est-il pas normal chez un enfant de 7 ans qui se retrouve obligé d’apprendre quatre langues en même temps, surtout quand son enseignant ne les a apprises qu’au cours d’une simple formation de deux semaines ? Parfois, certains gamins maîtrisent mieux la langue que leur maître.
Et voilà qu’après est venu la réforme ECOFO (Ecole fondamentale), une réforme que certains croyaient annonciatrice d’un avenir meilleur, comme elle était censée se conformer aux standards régionaux. Le programme d’entrepreneuriat proposé dans les écoles laissait escompter l’éclosion de jeunes talents capables de redresser l’économie du Pays. Après, il a été constaté que ce cours ne visait qu’à ériger une petite porte de sortie aux dizaines, voire aux centaines de milliers d’élèves qui allaient échouer à leur examen de fin de cycle, comme si entrepreneuriat devait rimer avec échec, échec à un examen qui n’exige qu’une note de 26% pour passer.
La fête des certificats
Et bien malgré tout ça, malgré toute la détérioration du système éducatif, rien ne nous séparera de l’ambiance de la fin des écoles secondaires. Bien que les parents se plaignent de ces fêtes budgétivores, nos chers certifiés ne le voient pas ainsi : chaque lauréat veut du tralala à ce jour mémorable, même quand cela implique de chauffer la carte de crédit de sa famille. Le mot d’ordre : « kwiyima kirazira » (Interdit de se serrer la ceinture).
Fini le port de l’uniforme, bonjour le premier costume. Fini les évaluations surprises, adieux les coupes de cheveux au model imposé par la direction, au revoir les encadreuses peu gracieuses. Ironiquement, c’est vrai qu’il y a de quoi fêter. Déjà qu’il est difficile de concilier ambiance juvénile et études, quand on vient à bout de ce chemin parsemé d’embuches, rien ne peut empêcher de jubiler. Si les moyens le permettent, éclatez-vous à fond ! Votre certificat a encore un minimum de valeurs, car la tendance montre que, bientôt, on pourrait ne délivrer que des certificats de participation, ou alors, plus rien.