Saviez-vous que chaque 24 mars, le monde célèbre la Journée internationale de la vérité ? Avec son insatiable intérêt pour la problématique du traitement du passé, ce blogueur estime qu’au vu de l’histoire tourmentée du Burundi, la recherche de la vérité n’est pas dans un état florissant.
C’était un vendredi matin, vers la fin de l’habituelle réunion de rédaction. Un collègue rappelle à l’assemblée que le 24 mars de chaque année marque la Journée internationale de la vérité. Nous étions à la fin de la réunion, et il est inutile de préciser qu’à cette heure-là, le cœur est souvent partagé entre le travail et le week-end. Pour couronner le tout, la veille, jeudi 20 mars, Yaga venait de fêter ses dix ans d’existence, et la soirée fut particulièrement longue. Cela donne un aperçu de l’ambiance de la réunion.
« Y a-t-il encore des choses qu’on n’a pas abordées sur la vérité ? », lance un collègue presque en quittant la réunion. Un autre, visiblement inspiré, propose de nous intéresser à la chanson Ode à la vérité de Canjo Amisi. Rapidement, une stratégie pour exploiter cette journée est élaborée. Mais moi, j’ai le sentiment que nous n’allons pas au bout de l’idée, convaincu que les Nations unies n’ont pas institué cette journée sans raison. C’est à ce moment-là que l’idée de rédiger cet article germe. Je me porte immédiatement volontaire pour cette tâche, avouant que le sujet m’intéresse particulièrement, étant donné mon intérêt pour le débat sur le traitement du passé au Burundi.
L’insaisissable vérité au Burundi
Le sujet est d’autant plus pertinent pour ceux qui suivent de près les débats souvent enflammés sur les réseaux sociaux. Des discussions sur le passé du Burundi divisent plus qu’elles ne rassemblent. Des débats qui n’apportent ni vérité ni vérités. Des débats qui laissent les participants plus divisés que réconciliés. Des débats où chacun reste campé sur ses positions, convaincu que lui a raison et que les autres ont tort, que lui est la victime et que les autres sont les bourreaux. Finalement, ces débats, que l’on pourrait qualifier de stériles, ne servent qu’à revendiquer le monopole de la vérité, tout en remettant en cause la souffrance de l’autre.
Pourtant, en instituant cette journée, l’ONU cherchait entre autres à honorer la mémoire des victimes de violations flagrantes et systématiques des droits humains et à promouvoir l’importance du droit à la vérité et à la justice. Elle souligne également que le droit à la vérité est essentiel pour lutter contre l’impunité et prévenir la répétition des conflits et des violations des droits de l’homme. C’est un pas vers la construction de sociétés conscientes de leur passé, afin de pouvoir aller de l’avant.
Mais, à la lumière de ce qui se fait au Burundi, soutenu par l’effet amplificateur des réseaux sociaux, tant sur le plan informel que formel, le constat est amer : le chemin de la recherche de la vérité reste semé d’embûches. De plus, avec les désaccords croissants concernant les efforts actuels pour établir la vérité et la politisation de ces dynamiques, il semble que la vérité, telle qu’elle est souhaitée, ne soit pas prête à se manifester à l’horizon.