Au Burundi, les services publics ne connaissent que très peu les technologies de l’information. Le traitement des dossiers traîne terriblement et cette lenteur ralentit le développement. Dans le récent conseil des ministres, la digitalisation des services publics était l’un des points à l’ordre du jour.
Depuis 2010, la digitalisation des services publics focalise l’attention des décideurs. Comme le précise le communiqué du conseil des ministre du 10 mai 2023, le but de cette politique était de faciliter l’accès universel aux Technologies de l’Information et de la Communication pour accélérer la croissance économique et permettre au Burundi de devenir un centre d’excellence et un pôle de référence régionale dans ce domaine à l’horizon 2025. D’après le conseil des ministres, ce projet qui s’étendra sur une période de 5 ans permettrait entre autres de simplifier les démarches administratives, grâce à la digitalisation des services.
Les services publics encore trop rudimentaires
« On en est au stade de saisir des données à l’ordinateur » ou encore « on a transféré les listes » sont des réponses très familières dans certains milieux de la fonction publique ou des institutions plus ou moins indépendantes. Quand cette réponse est donnée, nous ne pouvons que croiser les doigts. Les services n’ont pas pu se défaire des méthodes archaïques de traitement des données.
Depuis l’entité administrative de la base au sommet, le papier règne presqu’en maître absolu. Il suffit de visiter les bureaux du ministère de la fonction publique qui a le listing de tous les salariés de l’Etat dans ses attributions. Que de la paperasse ! Dans cette institution, le registre et la latte retrouvent tous leurs valeurs. Le secrétaire se doit de s’habituer à toujours consulter les registres. Parfois, des dossiers sont perdus dans des bureaux. Le transfert des dossiers se fait main à main. On devra donc prendre du temps à chaque étape pour retaper à nouveau un document à retransmettre. En effet, l’interconnexion des services est presque méconnue. Cela, malgré que le Burundi soit connecté à la fibre optique depuis 2013.
Une entrave au développement national
L’utilisation des moyens archaïques dans les affaires nationales ralentit fortement les activités du gouvernement. Nous nous rendons compte par exemple que tous les rapports annuels, dans tous les domaines du pays, sont publiés avec un retard d’une année ou plus. Avec ce retard, il est impossible de s’apercevoir à temps les erreurs des institutions. La non évaluation de l’exécution du budget de l’Etat peut servir d’exemple. Le ministère ayant les finances dans ses attributions a toujours justifié ce manquement par l’insuffisance du temps.
Tout de même, nous pouvons comprendre le poids de la non digitalisation des services publics en considérant les dépenses des fonctionnaires qui doivent suivre un dossier quelconque. Dans ce cas, il s’agit d’un chemin de la croix pour ces personnes qui sont obligées de se rendre à Bujumbura pour savoir si leur dossier avance, si leur diplôme a été entériné, etc. Ce manquement pèse donc sur le développement en termes de temps et de dépenses en argent.
Digitaliser tous les services publics en 5 ans ?
Le projet de moderniser les services publics est une si bonne idée qu’elle mérite d’être acclamée. Cependant, le mal semble être grand pour être soigné en si peu de temps. Former tout le personnel du gouvernement, mettre en place les infrastructures nécessaires de la base au sommet … et faire du Burundi un pôle de référence régional dans le secteur des Technologies de l’Information et de la Communication à l’Horizon 2025 est une hypothèse peu probable. Ce projet demanderait sans doute du temps et des moyens colossaux pour la réalisation.
Alors que la digitalisation de services publics permettrait de booster la croissance économique, elle constitue aussi un moyen efficace de faciliter la traçabilité des dossiers et des données. Ce qui présente un double avantage pour le pays.
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