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Diaspora : un Burundais au pays des Khmers Rouges

Beaucoup de Burundais ne connaissent le Cambodge qu’à travers les vieux films où on voit de petits hommes jaunes à l’inévitable AK47  se faire trucider par des yankees très costauds. Très peu de Burundais visitent les pays de l’Asie du Sud-Est. Ceux qui s’y installent sont encore très rares. Pourtant Eric Mahwane, un jeune Burundais très ambitieux n’a pas hésité à s’installer et fonder sa famille à Phnom Penh, la capitale du Cambodge. Qui est-il ? Comment est-il arrivé au Cambodge ? Quelle est la vie à Phnom Penh ? Le blogueur Parfait Nzeyimana s’est entretenu avec lui.

Eric Mahwane est ressortissant de la commune Rugombo en province Cibitoke. Il a travaillé pour une ONG en Angola pendant quelques années. Quand son contrat est arrivé à terme, le Burundi était plongé dans la crise politique qui perdure jusqu’à maintenant. Des amis lui ont  ainsi parlé d’un poste libre au Cambodge, il a saisi la balle au bond. Il a été retenu, et est parti. Depuis le 29 juin 2016, il est le seul Burundais du Cambodge. Il a fondé une famille et vit avec sa femme italo-germanique et sa petite fille à Phnom Penh la capitale du Cambodge.  Eric fait partie de ces Burundais qui sont allés voir où l’herbe est encore verte. Il est comptable  à la fondation Weworld Onlus.

Yaga : Comment peut être la vie au pays de Pol Pot ?

Eric Mahwane : Le Cambodge est un pays dynamique. On a du mal à croire qu’une guerre si meurtrière a décimé récemment ce peuple si paisible et si fier de vivre. Mais il y a toujours une once de racisme qui nous suit. Ici tous les noirs sont assimilés aux Nigérians connus pour leur escroquerie ou aux  noirs américains. Moi, j’ai une situation stable, les Cambodgiens me prennent pour un Américain. Quand je leur dis que je suis Africain, ils deviennent distants.

Peut-on aller seul dans un bar, se faire servir un verre ou fréquenter une belle Cambodgienne?

Absolument. Il suffit d’être amical et les Cambodgiens vous offrent même à boire. Je vois beaucoup de noirs en compagnie galante de très belles Cambodgiennes.

Ce qui impressionne le plus au Cambodge ?

La femme Cambodgienne est admirable. Elle fait toute sorte de boulot. De celui de simple cordonnière du quartier  à celui  de maçon en passant par gouverneur de Banque. Elle est présente partout. L’usage de la moto  est également impressionnant. La moto est omniprésente dans la vie des Cambodgiens. C’est comme le vélo à Gihanga. Mais le peuple Cambodgien impressionne par son attachement à sa tradition. Ils ont su bien marié la tradition à la modernité.

Y-a-t-il encore les traces de la guerre du Cambodge si racontée dans les films ?

La guerre reste une référence dans la politique du pays. C’est une période triste malheureusement immortalisée dans leur histoire à travers les films. Le dernier en date étant celui réalisé pas Angelina Jolie ‘’They first kill my father’’. Ce triste passé est aussi présent dans les musées érigés dans les anciennes prisons telles  le Tuol Sleng Genocide Museum, le Genocide Museum Security Prison 21 (S-21) ou le centre de torture ‘’Killings fields’’. Il ne faut pas non plus oublier que les responsables des Khmers Rouge sont encore poursuivis pour les crimes commis pendant cette guerre.  

Y a-t-il une leçon que le Burundi devrait tirer de l’expérience du Cambodge ?

Le Cambodge est parvenu à se débarrasser de ses vieux démons et à cicatriser ses plaies. Le peuple cambodgien est un peuple fier actuellement. C’est un exemple de ce que doit être une réconciliation effective après une période de conflits.  Le Burundi devrait s’en inspirer.

 

 


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