La campagne « Je guéris, ne me contamine ni ne contamine les autres » lancée par le Président de le République bat son plein. Entre résultats des tests, l’engouement des Burundais et ce que nous réserve encore ce nouveau-né dans le monde des virus, que comprendre de cette campagne ? Eclairage.
Nous sommes donc en plein deuxième semaine de la campagne lancée par Evariste Ndayishimiye pour faire face au coronavirus. Le premier jour de cette campagne débutée à Bujumbura, et qui va s’étendre dans d’autres provinces du pays, nous avons assisté à un nombre important de personnes venues se faire dépister. « Une réaction logique », selon Dr Désiré Habonimana, épidémiologiste, qui explique « au vue de la situation qui prévalait, c’est sûr qu’il y avait des personnes, avec des signes suspects ou pas, qui avaient une soif d’un test de dépistage. Certainement que cette campagne est donc venue comme une aubaine pour celles-ci ».
Ensuite, nous dit Dr Habonimana, « nous sommes dans une société ou parfois une personne regarde ce que fait l’autre pour l’imiter, ce qui n’est pas à exclure dans l’explication de l’engouement qu’ont manifesté les Burundais dès les premiers jours de la campagne ». Cela sans oublier parfois l’injonction familiale que ce soit pour y aller ou ne pas y aller, ce qui laisse présager une probable faible participation au fil des jours. Quid des résultats ?
« Une situation pas alarmante quoi que… »
Au 13 juillet, 4014 prélèvements avaient déjà été effectués dans le cadre de cette campagne. Parmi ceux-là, le Ministère de la Santé Publique et de Lutte contre le SIDA a fait savoir que 101 cas sont revenus positifs à la Covid-19, soit un taux de 2.5% ! « Avec ce pourcentage, pour une maladie dont le taux de létalité oscille autour de 2%, ça ne devrait pas être très inquiétant, au vu des chiffres trouvés ailleurs dans le monde », nous dit l’épidémiologiste.
Encore que, tient-il à nuancer « comme nul ne sait pas très bien les données d’avant, pour servir de repère, il est alors difficile de confirmer la tendance. S’agit-il d’une flambée, une stabilisation ou encore une inclinaison de la courbe des cas ? ». Cet enseignant à la Faculté de Médecine de l’Université du Burundi tient aussi à préciser que, comme observé ailleurs, il est difficile de prévoir comment sera l’évolution de cette pandémie, qui n’est d’ailleurs pas encore totalement cernée par la communauté scientifique, étant donné en plus qu’on n’a pas chez nous le Ro qui est le taux de reproduction d’une maladie infectieuse quelconque.
« …il y a moyen de l’améliorer »
« Le dépistage qui se fait au cours de la campagne est à base du volontariat, ce qui relève de la recherche passive souvent à la base des biais de sélection de ceux qui se font dépister et qui ne donne peut-être pas la vraie image des cas de Covid19 dans le pays », explique Dr Habonimana. En même temps que la vive invitation est lancée pour les personnes symptomatiques, « il peut y avoir des porteurs sains (personnes malades mais sans symptômes) qui ne viendront donc pas se faire tester et qui, par conséquent, peuvent propager la maladie ». Ici, recommande l’épidémiologiste, il faudrait une recherche active des cas où le praticien, les équipes du Minisanté, se déplaceraient à la recherche des cas potentiels car dit-il, « si on se contente de dépister seulement des personnes déjà malades, on risque de louper des cas asymptomatiques ».
Une fois le test fait, l’autre volet très indispensable est « le confinement et le traitement des cas avérés positifs selon les recommandations internationales, cela pour éviter encore la propagation du virus dans le reste de la population ».
Enfin, conseille-t-il, pour rendre la campagne plus attractive, du moins pour que celle-ci ne souffre pas d’une baisse d’engouement, il faut, à défaut d’une recherche active, une sorte de stimulus qui encouragerait la personne qui, au-delà de connaitre son état de santé, va aussi y trouver un autre avantage, peut-être plus stimulant ! Nombre d’études ont confirmé la place indispensable des « incentives » dans la réussite de programmes de santé y compris les campagnes de masse.