C’est officiel, la RDC a reçu le feu vert du conseil des ministres de la communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) pour rejoindre cette organisation sous-régionale. Les trois pays membres de la CEPGL sont donc tous membres de l’EAC. Quel est l’avenir de la CEPGL ? Un spécialiste des relations internationales donne son point de vue.
La décision est tombée fin novembre 2021. Le conseil des ministres de l’EAC a donné son accord. La RDC est désormais membre de l’EAC. C’est le dernier pays de la communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) à adhérer à ce bloc régional. L’entrée du pays de Mobutu dans la communauté constitue un avantage pour plusieurs pays car il est frontalier avec cinq États membres de l’EAC : Tanzanie, Burundi, Rwanda, Ouganda et Soudan du Sud. Avec ce nouveau venu, la communauté ouvre désormais le corridor allant de l’océan Indien à l’océan Atlantique, élargissant ainsi le potentiel économique de la sous-région.
Au-delà des avantages que pourraient tirer d’autres pays de l’adhésion de la RDC, une question pertinente se pose. Quel est l’avenir de la CEPGL ? Pour rappel, la communauté a été créée le 20 septembre 1976. Elle réunit trois anciennes colonies belges : le Burundi, la RDC et le Rwanda. Actuellement, son siège se trouve à Gisenyi. Cette organisation a été créée pour deux missions. La Première était de servir de cadre de dialogue des pays des Grands Lacs pour discuter des problèmes de sécurité sur les frontières communes. Deuxièmement, cette organisation devait promouvoir l’intégration économique régionale entre les trois pays membres. Mais il était aussi question de la libre circulation des personnes et des biens, du financement d’institutions communes dans les domaines de la finance, de la recherche et de l’énergie.
La CPGL, une organisation sous perfusion
Pour résumer la situation de cette communauté, l’Ambassadeur Cyprien Mbonimpa, spécialiste en relations internationales file une métaphore. « Même si on tente de réanimer la CEPGL, elle est déjà morte. Mais personne n’ose signer son certificat de décès. » Hélas, depuis un moment, cette organisation ne manifeste pas de signe de vie. Depuis 1993, des crises ont embrasé les pays membres. Des conflits ont éclaté. Aussitôt, souligne-t-il, tout s’est arrêté car la coopération politique est un préalable.
D’ailleurs, en matière de sécurité, les résultats sont décevants : « La CEPGL n’a pas pu gérer les conflits entre les pays membres. Par conséquent, elle a échoué dans sa mission principale qui est de garantir la sécurité », explique l’Ambassadeur Cyprien Mbonimpa.
Quel héritage ?
Cependant, ce spécialiste tient à préciser que la communauté a réussi partiellement la mission. A travers la CEPGL, quatre institutions communes ont été créées : la Banque de développement des États des Grands Lacs (BDEGL), la Société internationale d’énergie de Grands Lacs (SINELAC), l’Institut de recherches agronomique et zootechnique (IRAZ) et l’Énergie des Grands Lacs (EGL).
Une autre réussite ? Cet ancien ministre des relations extérieures souligne que l’organisation permet aux ressortissants des pays membres de circuler librement dans l’espace de la communauté.
« Les pays membres ont intérêt à maintenir vivant la CEPGL. », suggère Ambassadeur Cyprien Mbonimpa. Pour étayer son argument, cet expert avance deux principales raisons : premièrement, les pays membres restent des voisins ayant des problèmes de sécurité communs à régler sur leurs frontières. Deuxièmement, les pays membres détiennent d’importantes infrastructures communes à gérer.